Durant les trente dernières années, le Japon a joué la carte du « soft power » grâce, notamment, à l’idée du « Cool Japan », fondée sur la culture du Manga et des films d’animation. Mais aujourd’hui, l’archipel souhaite refaçonner son identité, et redevenir un pays « normal », en se dotant, par exemple, d’une force militaire qui ne soit plus exclusivement défensive.
Au gré des saisons
Aujourd’hui, le Japon fait face à des bouleversements planétaires qui le poussent à redéfinir et affermir son identité, mais ce n’est pas une première pour le pays.
Lors de son basculement dans la modernité au XIXe siècle, durant l’ère Meiji, l’archipel s’est coupé du reste de l’Asie, son « berceau culturel et historique », et ce n’est que pour « sauver » ses voisins, victimes du colonialisme, que le Japon s’est de nouveau tourné vers l’Asie.
Ensuite, après la défaite de 1945, l’Empire du Soleil levant s’est lové dans le giron des Etats-Unis, en devenant leur base arrière dans leurs guerres en Corée et au Vietnam.
Désormais, le Japon doit une nouvelle fois revoir son identité, pour faire face à la menace chinoise, et pallier au manque de fiabilité de son allier américain, de plus en plus remis en cause. Pour ce faire, le gouvernement du Premier ministre Shinzo Abe ambitionne de faire de l’archipel un pays « normal ». Or, cette normalité est, pour monsieur Abe, conditionnée à l’abrogation de la constitution de 1947, qui interdit le recours à la guerre. En d’autres termes, le Premier ministre voudrait disposer d’une force militaire « non plus uniquement défensive », qui lui permettrait d’intervenir à l’extérieur.
Pari réussi pour Akihito
Au cours de l’ère Heisei, sous le règne de l’empereur Akihito (qui a récemment abdiqué au profit de son fils, Naruhito), des soldats japonais ont participé pour la première fois à des missions de maintien de la paix, et la marine japonaise a pris part à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie.
Toutes ces interventions ont suscité des polémiques au Japon, mais l’archipel peut tout de même se targuer de n’avoir participé à aucun conflit armé ces trente dernières années. Aucun soldat nippon n’a ouvert le feu ou même été blessé en trente ans, et en cela, le Japon a respecté son pacifisme constitutionnel. Pari réussi pour Akihito et l’ère Heisei donc.