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L’ultimatum de Washington à la Turquie

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Jeudi 6 juin, les Etats-Unis ont adressé une mise en garde à la Turquie, la sommant de renoncer à l’acquisition du système russe anti-aérien S-400 dans les deux mois, sous peine d’être évincée du programme de fabrication du nouvel avion furtif américain F-35.

Eloignement des alliés traditionnels

Mardi 7 mai, Sergueï Tchemezov, PGD du conglomérat militaro-industriel russe Rostec, a confirmé que les S-400 seraient bien livrés « dans deux mois ». Une affirmation soutenue par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui dédaigne les menaces américaines, arguant de la nécessité de renforcer la défense anti-aérienne de son pays.  « Nous avons passé un accord avec la Russie. Nous sommes déterminés. Il n’est pas question de revenir en arrière », déclarait-il, mardi 4 juin.

Ce contrat, d’une valeur de 2,5 milliards de dollars, montre bien la volonté de la Turquie de s’éloigner de ses alliés traditionnels, à savoir l’Europe et les Etats-Unis, pour se rapprocher de la Russie. Ce revirement turc s’explique notamment par la position de l’Occident, qui soutient les Kurdes syriens liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Pour les Etats-Unis et leurs alliés, les Kurdes sont un rempart à l’Etat islamique en Syrie, alors qu’au contraire, pour Ankara, le PKK n’est qu’une « formation terroriste ».

Conséquences économiques

Mais le choix du président Erdogan d’éloigner la Turquie de ses alliés traditionnels ne sera pas sans conséquence. Pour commencer, les sanctions américaines vont être douloureuses pour Ankara, déjà confrontée à une forte récession économique, mais surtout, la Turquie va se pénaliser elle-même en s’éloignant, car elle est très dépendante des capitaux occidentaux pour le refinancement de sa dette et le renflouement de ses déficits.

Nombreux sont donc les experts à se demander si le S-400 vaut bien tous ces sacrifices. Or, « les S-400 n’offriront qu’une protection partielle. En cas de conflit, seul un système de défense intégré sera efficace », explique Nihat Ali Özcan, spécialiste des questions militaires et chercheur à la Fondation pour les études économiques.

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