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L’alliance russo-turque mise à rude épreuve en Syrie

Vendredi 23 août, les troupes de Bachar Al-Assad ont pris le contrôle de plusieurs villages au sud d’Idlib, et reconquis une zone où l’armée turque avait installé l’un de ses postes d’observation. Cernée de toutes parts, la base est désormais coupée de ses ravitaillements, une situation critique, qui place Moscou, allié de Damas, mais aussi désireux de se rapprocher d’Ankara, en fâcheuse posture. 

Présence turque en Syrie

Depuis deux ans, l’armée turque soutient les rebelles syriens, dont font partie les groupes djihadistes et islamistes, car ceux-ci s’opposent aux Forces démocratiques syriennes (FDS), bête noire d’Ankara puisqu’elles sont à dominante kurde. Mais les rebelles sont surtout en guerre avec le régime syrien, soutenu par Moscou, contre qui ils essuient défaite sur défaite. 

Les forces pro-régime, entraînées et équipées par la Russie, ne laissent en effet aucune chance aux rebelles, malgré le soutien que leur apporte Ankara. C’est dans le cadre de cet appui, d’ailleurs, qu’un convoi turc a été bombardé par les forces syriennes lundi 19 août, ce qui n’a pas manqué de raviver les tensions entre Moscou et Ankara. 

En réponse à cette agression, le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a assuré que la Turquie n’avait aucune intention de se retirer de Syrie. Des pourparlers sont toutefois en cour pour déterminer ce qu’il adviendra de ces postes, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a décidé de se rendre en hâte à Moscou, mardi 27 août, pour aborder directement la question avec Vladimir Poutine. 

Pression russe

Moscou aurait pu demander à Damas de faire preuve de retenue, et de ménager les forces turques, mais il n’en est rien, et cela est révélateur des enjeux dans la zone. 

En effet, l’intransigeance russe apparaît comme une réponse au rapprochement entre Ankara et Washington concernant la mise en place d’une « zone de sécurité » dans le nord-ouest de la Syrie. Moscou entend ainsi rappeler à Ankara que la Turquie aurait tout intérêt à privilégier son amitié à celle de Washington, et ce malgré le désaccord qui les oppose concernant Bachar Al-Assad, que les Russes veulent maintenir au pouvoir, et que les Turcs veulent destituer. 

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