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Poutine, homme fort du conflit syrien

Alors que la rencontre entre les forces turques et le régime de Damas à Manbij promettait d’être sanglante, la catastrophe a été évitée de justesse grâce à l’intervention de Vladimir Poutine. De tels affrontements seraient « inacceptables », a fait savoir le président russe mardi 15 octobre depuis Abou Dhabi, où il était en tournée diplomatique.

« Eviter la guerre généralisée »

« Poutine s’est imposé comme le médiateur numéro un de la crise parce que les Etats-Unis lui ont abandonné le terrain et parce qu’il dispose de leviers de pression sur tous les acteurs du dossier, relève Samir Altaqi, un analyste syrien spécialiste de la Russie. Si l’on veut échapper à la guerre généralisée dans le Nord syrien, c’est par lui qu’il faut passer. »

Suite à l’avertissement du président russe, Ankara a accepté à contrecoeur de laisser Manbij aux forces progouvernementales. Et outre cet emplacement stratégique sur l’Euphrate, les troupes loyalistes ont également repris leurs possessions du Nord-Est, et devraient bientôt reprendre Kobané, la ville emblématique de la résistance kurde.

Ainsi, en quelques jours, le régime syrien a regagné davantage de terrain qu’en huit ans, et tout cela quasiment sans tirer de coups de feu. Une prouesse qui aurait été irréalisable sans l’intervention turque. 

Homme de l’ombre

Deux hommes, deux méthodes ; d’un côté le président américain Donald Trump, qui donne ouvertement son feu vert à l’invasion turque par divers tweets plus grandiloquents les uns que les autres, et de l’autre Vladimir Poutine, qui laisse faire la Turquie, jusqu’à ce que son avancée cesse de servir ses intérêts. 

« Ce qui est frappant, note Alexandre Choumiline, directeur du Centre d’études sur le Moyen-Orient de l’Académie des sciences de Russie, c’est que Poutine triomphe par la main de Recep Tayyip Erdogan le président turc sans avoir eu à faire grand-chose, et sans se brouiller avec les autres protagonistes. »

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