Jeudi 5 mars, à Moscou, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont conclu, après 6 heures de débat, un accord de cessez-le-feu pour la région d’Idlib, entré en vigueur vendredi 6 mars.
Accord en trois points
Ce texte, fondé en trois points et qui vise à répondre à l’urgence de la situation, paraît bien précaire tant il relègue au second plan les considérations turques. « Je le vois comme temporaire, explique Maxime Soutchkov, expert pour le Moyen-Orient au Conseil russe pour les affaires internationales. Mais dans les circonstances actuelles, un deal durable était impossible. Les ambitions des parties sont trop éloignées et inconciliables ».
L’accord prévoit tout d’abord la création d’un couloir de sécurité protégeant l’autoroute M4 reliant Lattaquié au nord de la Syrie, qui sera sillonnée par des patrouilles russo-turques à partir du 15 mars. Deuxième point, les conquêtes de Damas sur les rebelles seront conservées et consolidées. Et enfin, l’intégralité territoriale de la Syrie devra être respectée.
« Ces avancées, même minimales, sont dures à avaler pour la partie turque, assure Maxime Soutchkov. Le plus significatif, c’est que le sort de l’autoroute M5 n’est pas mentionné du tout. Cela peut vouloir dire que la Turquie accepte sa perte. »
Renforcement russe dans la région
Face au risque d’une confrontation militaire directe entre Moscou et Ankara, le ministère russe de la défense a prévenu Erdogan que la Russie ne pouvait plus « garantir la sécurité de l’aviation turque dans le ciel syrien ».
Et inquiète que la Turquie ferme le détroit du Bosphore ainsi que son espace aérien, la Russie a accéléré le déploiement de ses forces dans la zone. Ainsi, cinq navires de guerre russes ont traversé le Bosphore depuis une semaine, parmi lesquels le Orsk, un navire de débarquement capable d’embarquer chars et camions, et dix-sept avions militaires ont atterri en Syrie ces dix-neuf derniers jours.