À l’image de bien des titres de la « PQR », (presse quotidienne régionale), Le Dauphiné sera libéré sous l’impulsion d’anciens membres de la Résistance, le 7 septembre 1945, parmi lesquels Georges Cazeneuve, Fernand Policand ou encore Elie Vernet. Sa très large zone de diffusion s’étend de l’Isère à l’Ain en passant par la Haute-Savoie, la Drôme, l’Ardèche, les Hautes-Alpes, mais aussi le Vaucluse et la Vallée de l’Ubaye. Incontournable !
Une naissance chaotique
La naissance du Dauphiné Libéré est liée à la Résistance. Le 25 janvier 1944, une réunion de résistants donne lieu à la création du Comité départemental de libération nationale dans la région grenobloise qui aborde alors la question de la presse. Le Comité propose la parution d’un groupe de quatre journaux dont Le Dauphiné Libéré fait partie pour le Mouvement de libération nationale (MLN). À la Libération de Grenoble, le 22 août 1944, le journal ne peut renaître à cause de la disparition de nombreux cadres du MLN. Le 15 janvier 1945, un accord est passé avec le Front national de libération. Paraît alors un journal commun, Les Allobroges-Le Dauphiné Libéré.
« Le libre journal des hommes libres »
Le MLN désire pourtant posséder son propre journal. Sept résistants donnent l’impulsion nécessaire au lancement dudit titre. Pour ce faire, des représentants sont recrutés dans chaque département de la région. Le premier numéro du Dauphiné Libéré, tiré à 100 000 exemplaires, paraît à Grenoble le 7 septembre 1945 avec un éditorial musclé intitulé « Le libre journal des hommes libres ». C’est le début du succès pour Le Dauphiné Libéré qui lance dès 1946 une édition dans le Vaucluse.
Georges Cazeneuve, l’homme providentiel
En 1947, le journal élargit son champ d’activités et devient le principal organisateur du Critérium du Dauphiné Libéré. Cette course cycliste créée à l’initiative de Georges Cazeneuve s’impose rapidement comme une référence dans le sport cycliste. Dans l’idée de Georges Cazeneuve, cette course cycliste doit constituer un véritable support de communication pour le journal en attirant les grandes firmes commerciales du Sud-Est.
Une croissance irrépressible
Dans les années 1950, Le Dauphiné Libéré acquiert véritablement une place de leader dans la presse régionale française : il tire alors à 200 000 exemplaires et se place en troisième position des journaux régionaux derrière Ouest France et Le Progrès. Au début des années 1960, ce mouvement de croissance s’accentue avec le rachat de L’Écho de la Liberté dans le Rhône et de La Dépêche dans la Loire. Parallèlement, de nouvelles éditions sont créées à Genève et en Saône-et-Loire.
Alliance et mésentente
En septembre 1966, une page se tourne dans l’histoire de la presse française avec la création du premier groupe de presse régional français initié par la collaboration nouvelle entre Le Dauphiné Libéré et le Progrès. Cette entente se fissure en 1979 avec l’arrivée de Jean-Charles Lignel à la tête du Progrès. Les deux titres interrompent leur collaboration et la mise en commun de leurs ressources techniques et publicitaires.
Se diversifier pour se renouveler
À partir de 1989, Le Dauphiné Libéré s’ouvre à de nouveaux horizons et diversifie ses activités : les Éditions Dauphiné Libéré sont créées, comme le trimestriel Alpes Loisirs en 1993. De même, Le Dauphiné Libéré se pose comme le promoteur de sa région en lançant la collection Les Patrimoines qui rassemble des ouvrages destinés à faire connaître les villes, mais aussi les personnages illustres et sites remarquables du Dauphiné. Le journal cherche à élargir son audience à partir de 1999 en accompagnant son édition du dimanche du supplément Version Femina.
Les années 2000, la régionalisation
En juin 2004, Serge Dassault prend la tête de la Socpresse, anciennement une branche du groupe Hersant. Néanmoins, sous l’ère Dassault, le groupe délaisse quelque peu le secteur de la presse quotidienne régionale au profit de quotidiens nationaux tels que Le Figaro. Actuellement, Le Dauphiné Libéré fait partie du groupe Ebra, à l’instar d’un autre quotidien, L’Est Républicain. Ce groupe de presse participe largement à la diffusion d’informations purement locales, entraînant par là une véritable régionalisation de ces publications.
Anecdote
À partir de septembre 1956, le quotidien intègre dans son édition du dimanche des pages en couleurs. Le Dauphiné Libéré est un des premiers journaux européens à y goûter.
Bibliographie
Pourquoi le Daubé est-il Daubé ? Histoire critique du Dauphiné Libéré, Le Postillon : journal de l’agglomération grenobloise paraissant à l’improviste, Le Postillon propose une histoire du quotidien grenoblois mais également un aperçu de la presse quotidienne régionale et de la vie politique grenobloise.
La grande histoire du Critérium du Dauphiné Libéré 1947-2007, Thierry Cazeneuve, Ed. Le Dauphiné Libéré : Thierry Cazeneuve, neveu de Georges Cazeneuve (co-fondateur du Dauphiné Libéré), relate l’aventure du Critérium du Dauphiné Libéré, course cycliste mythique.
En bref
Pays : France
Genre : presse régionale
Périodicité : quotidien
Diffusion : 879 000 lecteurs par jour
Directeur de publication : Henri-Pierre Guilbert
Site web : www.ledauphine.com