Le régime de Mugabe cherche à mettre en œuvre l’« indigénisation » des compagnies minières au Zimbabwe. Pour de nombreux spécialistes, cette politique – en réalité une expropriation en bonne et due forme – pourrait bien se révéler désastreuse pour l’économie du pays.
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Les mines aux mains du gouvernement
Une nouvelle loi a désormais été promue pour exiger des grandes compagnies minières que 51 % de leurs actionnaires soient des Noirs et originaires du Zimbabwe. De plus, le régime de Mugabe s’assure que ces nouveaux actionnaires noirs soient également des supporters du parti au pouvoir, le Zanu-PF. Autrement dit, cette politique d’indigénisation enrichira les supporters du régime de Mugabe et soumettra de grandes firmes minières au contrôle du gouvernement.
Les directeurs étrangers menacés d’emprisonnement
Le ministre de cette « discrimination positive », Saviour Kasukuwere, a lancé un ultimatum à une douzaine de groupes étrangers : s’ils ne suivent pas les nouvelles règles, ils risquent de perdre leurs actifs ainsi que leurs licences. Les directeurs de ces entreprises pourraient même être emprisonnés !
Parmi les compagnies visées on compte les plus grandes du Zimbabwe : Murowa Diamonds, Zimplats, Standard Chartered Bank, Barclays Bank, British American Tobacco, Nestlé et Cargill Zimbabwe.
Prétexte moral, accaparement réel
Au Zimbabwe, Kasukuwere est une star montante – il est connu pour son intransigeance. La loi est censée « aider » les firmes à accomplir de « bonnes œuvres » et de ne plus « sacrifier l’équité ». Mais peut-on vraiment imaginer que Kasukuwere soit un ministre en quête d’équité ? Lorsque la compagnie minière Zimplats, filiale d’Impala Platinum, a suggéré que les firmes revendent leurs actions en Bouse à des Zimbabwéens noirs, Kasukuwere a tout simplement refusé.
Le « ministre de l’indigénisation » a décrété que les 51 % du capital, à octroyer à un fonds souverain, ne donneraient pas lieu à la moindre compensation.
Bras de fer autour du platine…
Impala Platinum Holdings Ltd. (IMP), deuxième producteur de platine au monde, annonce poursuivre les négociations avec le gouvernement de Mugabe, alors que l’échéance donnée à la compagnie, le 31 août, est dépassée.
Le PDG d’Impala, David Brown, a déclaré à Johannesburg que la compagnie ne cèdera pas le contrôle de ses opérations zimbabwéennes au gouvernement de Mugabe. Il a également déclaré être déçu qu’on impose à Impala des ultimatums, dans un pays où le groupe a été un « investisseur modèle » durant dix ans.
Vers une nouvelle crise ?
Ce bras de fer pour le contrôle des mines du Zimbabwe s’inscrit dans une série de prises de contrôle des atouts économiques du Zimbabwe par le régime. La saisie des fermes propriétés de Blancs a enrichi les associés de Mugabe tout en appauvrissant le reste du pays. Durant la crise économique qui s’en est suivie, la production agricole a chuté et de nombreux Zimbabwéens ont été privés de nourriture.
Selon certains économistes, la prise de contrôle des compagnies minières pourrait aboutir à un désastre économique de même nature.
GlobalPost/Adaptation JOLPress