Le 6e Forum mondial de l’eau a ouvert ses portes à Marseille lundi. Entre enjeux économiques et humanitaires, l’or bleu se place toujours plus au centre de la géopolitique mondiale.
[image:1,l] 140 pays, 20 000 personnes et une dizaine de chefs d’Etat : le 6e Forum mondial de l’eau voit grand. Une illustration somme toute logique de l’importance croissante de l’or bleu.
Un forum qui promet des solutions
Organisé tous les trois ans par le Conseil mondial de l’eau, ce forum était jusque là consacré à l’établissement d’un bilan sur l’accès à l’eau. La sixième édition a placé la barre plus haut en choisissant comme slogan « le temps des solutions ». Plutôt que de constats, il devrait être ici question d’engagements et de décisions… du moins en théorie.
Parmi les têtes connues, on retrouve le président tchadien Idriss Déby, quatre commissaires européens, José Manuel Barroso, Mohammed VI du Maroc et le Premier ministre palestinien Salam Fayyad. Côté français, si Nicolas Sarkozy a finalement annulé sa venue à Marseille, c’est François Fillon qui s’est chargé du discours d’ouverture.
La question du partage de l’eau
Ce sommet devrait être particulièrement politisé, puisqu’un rapport parlementaire de Jean Glavany avait parlé d’« apartheid de l’eau » mené par Israël en Palestine. Après un début de polémique, les délégations palestiniennes et israéliennes ont fini par accepter de se rendre au Forum.
Tensions également sur la question du Nil. Tous les pays ayant rive sur le fleuve (Egypte, Ethiopie, Soudan, Soudan du Sud) ont des visions parfois assez incompatibles de son exploitation.
Un exemple parmi tant d’autres des querelles que peuvent entrainer la gestion des fleuves et des voies navigables : les bords du Mékong ou du Niger sont également objets de tractations et de convoitise.
Pourtant, même si la politique devrait occuper les esprits, la dimension humanitaire de l’accès à l’eau sera bien présente à Marseille.
L’absence d’accès à l’eau, un fléau
A quelques kilomètres de cette manifestation très officielle, plus de 100 ONG ont monté un « contre-forum » aux accents altermondialistes. Regroupées pour protester contre un forum jugé trop favorables aux grandes entreprises, les 2000 personnes présentes ont organisé des débats, des conférences et des ateliers autour de la distribution équitable de l’eau.
Selon les chiffres de l’Unicef et de l’OMS, près de 800 millions de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, et 2,5 milliards d’habitants vivent sans sanitaires de base.
L’ONG française Solidarités international, quant à elle, estime ques les chiffres avancés par l’Unicef et l’OMS sont même très en-deça de la gravité de la situation. Elle estime que 1,9 milliard de personnes continuent de boire une eau malsaine et que cette insalubrité reste la première cause de mortalité dans le monde, « avec 3,6 millions de victimes par an, soit 7 personnes qui meurt chaque minute ».