Donné favori de l’élection présidentielle égyptienne, Amr Moussa pourrait bien accéder, le 17 juin prochain, à l’investiture suprême. Soutenu par la communauté copte, ainsi que par diverses formations nées de la Révolution, cet ancien ministre des Affaires étrangères souffre néanmoins de l’étiquette de collaborateur de Hosni Moubarak qui lui colle à la peau.
[image:1,l]Un an et demi qu’il bat la campagne égyptienne. Il rencontre les chefs de tribus, se présente devant les villageois, leur parle de leurs problèmes, « du chômage, de la pauvreté, de l’insécurité ». À 75 ans, Amr Moussa, devance ses concurrents à la présidentielle d’une longueur confortable. Et pour cause…Il s’est lancé dans la course bien avant les autres candidats, au lendemain même de la chute de Hosni Moubarak.
Protéger l’Egypte du chaos
Déjà très populaire avant la révolution, « papa », comme l’appellent ses partisans, a su s’attirer les faveurs des Égyptiens en se posant comme le candidat du consensus. « Je suis le candidat qui veut protéger l’Égypte du chaos » martèle celui qui, face à la poussée des islamistes, se veut le garant d’une Égypte pluriconfessionnelle, ouverte à la modernité.
Une politique sécuritaire
Avocat de formation, Amr Moussa, ex-diplomate, ex-ministre des Affaires étrangères, et ex-Secrétaire général de la Ligue arabe, a axé son programme sur la sécurité et le retour à l’ordre. Il a également insisté sur la nécessité de redresser l’économie et de donner aux Égyptiens, dont 50% vivent sous le seuil de pauvreté, accès à la sécurité sociale. Des promesses qui séduisent.
La crainte d’un retour à l’ancien régime
Crédité, selon les sondages, de 20 à 40% d’intentions de vote, Amr Moussa souffre toutefois de l’image de « feloul », collaborateur de l’ancien régime, qui lui colle à la peau. « Quand vous êtes vous-mêmes une partie du problème, vous ne pouvez fournir une partie de la solution», lui a fait remarquer le candidat des Frères musulmans, Aboul Fotouh, lors d’un débat télévisé. « La vérité, a assuré mi-mai un proche du candidat au Figaro, c’est qu’il y avait une divergence profonde et réelle entre les deux hommes ». Pour nombre de ses fidèles, la réputation d’Amr Moussa est imméritée. Il a, assurent-ils, tout fait pour « changer le régime de l’intérieur ». Le principal intéressé l’affirme : « Tout n’est pas à jeter dans l’ancien régime. Il y a des gens qui possèdent des compétences ; des personnes de confiance ». Les Egyptiens ne demandent qu’à le croire.