Comme chaque année, le sociologue Baptiste Coulmont, maître de conférences à l’université Paris 8, a dressé un tableau permettant d’observer la proportion de mention « Très bien » associée aux prénoms. Si le prénom ne conditionne en rien la réussite scolaire, on peut s’apercevoir que cette année les Diane et Adèle ont eu une chance sur cinq d’obtenir leur bac avec une moyenne supérieure ou égale à 16. Tout le contraire des Sabrina, Cindy ou Enzo.
[image:1,l]
Auteur de la Sociologie des prénoms, Baptiste Coulmont s’intéresse depuis plusieurs éditions du baccalauréat aux prénoms des élèves décrochant une mention « Très bien » lors de l’épreuve, soit une moyenne supérieure ou égale à la note de seize sur vingt. Comme le souligne logiquement d’emblée le chercheur de l’université Paris 8, le prénom donné à l’enfant n’a aucune incidence sur les résultats scolaires, mais cela « permet de dessiner un espace social qui, immédiatement, fait sens ».
Plus de 20% des Adèle ont obtenu une mention « Très bien »
On peut ainsi observer une répartition des prénoms donnés par les parents, qui répercute les catégories sociales. Ceux des classes intellectuelles, de la bourgeoisie comme « Ulysse, Guillemette, Quitterie, Madeleine, Anne-Claire, Ella, Sibylle, Marguerite, Hannah, Irène, Octave, Domitille » sont associés à un pourcentage élevé de mentions « Très bien », tandis que ceux affiliés aux classes populaires, à l’origine très anglo-saxonne suite à la culture des séries TV américaines, à l’instar de Kimberley, Brenda, Brian, Melvin, Johann, ou encore Eddy, ont un taux qui ne dépasse pas les 2%.
Ainsi, « le prénom indique — de manière imparfaite et floue — l’origine sociale de celles et ceux qui le portent, et la réussite sociale est, en partie, liée à cette origine sociale : « Parmi les élèves entrés en sixième en 1995, 71,7% des enfants d’enseignants ont finalement décroché en 2010 un bac général, 68,2% des enfants de cadres supérieurs, 20,1% des enfants d’ouvriers qualifiés, 13% des enfants d’ouvriers non qualifiés, et 9,2% des enfants d’inactifs”. »
Des résultats liés à l’origine sociale des parents
Une géographie mouvante, liée à l’attribution de prénoms qui reflètent le milieu social dans lequel le porteur est né, et qui évoluent selon les tendances. Un mouvement qu’expliquait le sociologue l’an passé au Monde : « au départ, les journalistes et les gens du spectacle innovent. Les catégories culturellement favorisées copient et le prénom devient à la mode. » En 2012, les Madeleine, Côme ou Ariane avaient obtenu les meilleurs résultats, indiquant la popularité de ces prénoms à la moitié des années 1990 dans les milieux aisés.
Lucas, Manon et Arthur ont été les prénoms les plus donnés au cours de l’année civile dernière, reste à voir si, dans environ dix-huit ans, ils trusteront toujours les hauts des classements.