Alors qu’une majorité de la gauche tire à boulets rouges sur Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur se défend tant bien que mal – faisant valoir que l’arrestation et l’expulsion de la Kosovare de 15 ans Leonarda, interpellée en sortie scolaire, s’est fait dans le respect de la loi – et peut compter sur deux poids lourds de la gauche, Ségolène Royal, et Jean-Pierre Chevènement.
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Seules quelques voix s’élèvent à gauche pour soutenir Manuel Valls. Le ministre de l’Intérieur est cible des critiques au sein-même de son propre camp politique, après l’arrestation et l’expulsion polémiques de Leonarda, une collégienne kosovare interpellée lors d’une sortie scolaire.
Le meilleur avocat de Manuel Valls est d’abord lui-même.
Interrogé à son arrivée mercredi soir à Fort-de-France, en Martinique, première étape de son voyage de quatre jours aux Antilles, le ministre de l’Intérieur tente de désamorcer la polémique en répétant que Jean-Marc Ayrault et lui-même étaient « sur la même ligne ».
Un peu plus tôt dans la journée, en marge d’un déplacement à Lorient, il avait demandé « que chacun garde son sang-froid » face à la polémique. « Il faut bien procéder à des reconduites à la frontière. C’est un sujet difficile bien sûr, mais une politique migratoire demande le respect du droit, le respect des personnes, et une très grande fermeté. Je suis comptable de cela. »
Ségolène Royal lance un appel au calme
Il peut également compter sur l’ancienne candidate PS à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal. Invitée de Questions d’Infos sur LCP, mercredi 16 octobre, elle a indiqué qu’elle était pour la loi « il faut respecter la loi (…), la loi a été respectée puisque tous les recours ont été épuisés. »
Elle a également reproché aux socialistes de réagir trop vite : « Avant de réagir, de se faire mousser, les uns et les autres doivent d’abord être sûrs de ce qu’ils avancent, vérifier la réalité des faits et faire en sorte que nous soyons unis à gauche, solidaires à gauche sur la préoccupation du respect de la loi. »
Dans son viseur, il y a principalement Claude Bartolone. Hier sur Twitter, le président de l’Assemblée nationale s’était ému appelant « aux valeurs de la gauche. » Ségolène Royal a expliqué que « la lutte contre l’immigration clandestine était une valeur de gauche. » « Les valeurs de gauche, c’est aussi le respect de la loi.»
Il y a la loi. Mais il y a aussi des valeurs avec lesquelles la gauche ne saurait transiger. Sous peine de perdre son âme. #Léonarda
— Claude Bartolone (@claudebartolone) October 16, 2013
Jean-Pierre Chevènement : « La gauche se tire une balle dans le pied en attaquant Manuel Valls »
Encore plus surprenant, le ministre de l’Intérieur connaît un autre soutien de taille : l’ancien ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin, Jean-Pierre Chevènement. Invité sur I>Télé, ce 17 octobre, il considère que « Manuel Valls fait son travail. Il le fait, je crois, conformément aux règles qui prévalent dans un Etat de droit. Avant de l’attaquer sous la dictature de l’émotion qui nous régit en permanence, sachons raison garder. »
Il a appelé la gauche à ne pas faire preuve d’angélisme dans cette affaire et à a mis en garde contre le « sansfrontiérisme, le sanspapierisme. » « La gauche se tire une balle dans le pied en attaquant Manuel Valls. Et en attaquant une politique dont aucun gouvernement ne peut faire l’économie. »
Il a insisté : « C’est favoriser le Front national de ne pas appliquer convenablement la loi. »