Après cinq mois de cavale, le rappeur tunisien Weld El 15 a finalement décidé de se rendre à la justice et sera rejugé le 5 décembre prochain. De son vrai nom Ala Yaacoubi, l’artiste avait été condamné par contumace en septembre dernier à 21 mois de prison pour outrage à des fonctionnaires. Des poursuites contre Weld El 15 avaient déjà suscité la polémique en Tunisie au début de l’été, lorsqu’il avait été condamné à deux ans de prison ferme, en première instance, pour les paroles de sa chanson «Les policiers sont des chiens».
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Le rappeur tunisien Weld El 15, condamné par contumace à 21 mois de prison ferme et en cavale depuis cinq mois, se rendra finalement à la justice et sera rejugé le 5 décembre. C’est ce qu’a fait savoir son avocat Me Ghazi Mrabet, vendredi 22 novembre.
Fin de la cavale
Le rappeur tunisien avait été condamné par contumace en septembre dernier avec un autre chanteur, Klay BBJ, à 21 mois de prison, pour les textes de ses chansons jugés insultants par des policiers lors d’un concert dans la station balnéaire de Hammamet, située à 60 km de Tunis.
« Les policiers sont des chiens »
Le rappeur, de son vrai nom Ala Yaacoubi, avait déjà été condamné à deux ans de prison ferme au mois de juillet dernier pour avoir insulté la police dans une chanson. Sa peine avait ensuite été réduite en appel à six mois avec sursis pour sa chanson « Boulicia Kleb » – « Les policiers sont des chiens » en français.
« J’ai utilisé dans la chanson les mêmes termes que la police use pour parler des jeunes. La police doit respecter les citoyens si elle veut être respectée », s’était justifié le rappeur Ala Yaacoubi, alias Weld El 15, estimant qu’il n’ y avait « aucune raison ou fondement juridique» pour le mettre en prison.
La liberté d’expression menacée
La condamnation du rappeur Weld El 15 a suscité de vives réactions parmi les défenseurs des libertés individuelles et des ONG. Des critiques se sont élevées contre le gouvernement tunisien, accusé de vouloir étouffer la liberté d’expression acquise après la chute du régime de Ben Ali, en janvier 2011. Emmené par la journaliste tunisienne Hind Meddeb, un mouvement contestataire s’était formé en guise de soutien à Weld El 15, pour dénoncer l’atteinte aux libertés fondamentales dans le pays.
Si la censure a été levée, la liberté d’expression acquise pendant la Révolution de Jasmin reste fragile comme le démontrent les nombreuses pressions et intimidations dont sont victimes les journalites et bloggueurs en Tunisie. Pour la dessinatrice de presse tunisienne Nadia Khiari, « les lois de Ben Ali sont toujours là et le gouvernement actuel s’en sert pour faire taire à nouveau. Une des lois utilisée à tort est le trouble à l’ordre public » expliquait-elle à JOL Press, en mai dernier, à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse.