Après l’enlèvement, en avril, de plus de 200 lycéennes dans le nord du Nigéria par la secte islamiste Boko Haram, le monde commence à se mobiliser pour sauver les jeunes filles. Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnalités dont Michelle Obama ont lancé une campagne baptisée « BringBackOurGirls », soit « rendez-nous nos filles ».
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Trois semaines après l’enlèvement de 276 jeunes filles dans un lycée du nord du Nigéria – 53 ont pu s’échapper –, le monde se mobilise.
Sur les réseaux sociaux, les internautes et un certain nombre de personnalités ont posté des photos accompagnées du hashtag (mot-clé) #BringBackOurGirls (« rendez-nous nos filles ») pour dénoncer le rapt revendiqué par la secte islamiste Boko Haram.
Ce groupe terroriste, qui sévit au Nigeria surtout depuis l’exécution de son chef spirituel en 2009, considère l’éducation occidentale comme un pêché.
Michelle Obama et Malala mobilisées
La première dame américaine Michelle Obama, la jeune Malala Yousafzaï – une écolière pakistanaise rescapée d’un attentat taliban en 2012 et lauréate 2013 du Prix Sakharov pour la liberté de penser – la mannequin britannique Alexa Chung, la chanteuse américaine Alicia Keys ou encore l’actrice américaine Jessica Biel ont ainsi publié ces derniers jours des photos d’elles portant le message largement repris sur Twitter, Instagram ou Facebook.
Our prayers are with the missing Nigerian girls and their families. It’s time to #BringBackOurGirls. -mo pic.twitter.com/glDKDotJRt
— The First Lady (@FLOTUS) 7 Mai 2014
« Nos prières vont aux jeunes nigérianes enlevées et à leurs familles. Il est temps de nous rendre nos filles », écrit la première dame américaine dans un tweet. « Malala Yousafzaï me dit : ces filles au Nigeria sont mes sœurs », écrit de son côté la journaliste américaine Christiane Amanpour en postant une photo de la jeune pakistanaise.
#Malala Yousafzai tells me: “Girls in Nigeria are my sisters.” http://t.co/84YToo1Tdl #BringBackOurGirls @MalalaFund pic.twitter.com/Uk8Idx6N9O
— Christiane Amanpour (@camanpour) 7 Mai 2014
En France, la ministre de la Justice Christiane Taubira a également posté un message de soutien sur Twitter :
#BringBackOurGirls Pas de relâche, pas de répit, pas de quartier, pas de victoire létale pour ces obscurantistes. ChT pic.twitter.com/UENiyKGuNQ
— Christiane Taubira (@ChTaubira) 9 Mai 2014
Colère et tristesse
Lakshmi Puri, sous-secrétaire générale de l’ONU et directrice adjointe de l’agence ONU Femmes, a pour sa part exprimé dans les colonnes du Monde sa « colère » et sa « tristesse » face à cet enlèvement, rapporte le quotidien.
« Je suis terriblement choquée. Il est impensable que les extrémistes islamistes de Boko Haram puissent dénier le droit à l’éducation aux jeunes filles, puissent enlever des êtres humains et vouloir les vendre. Ces exactions bafouent leurs droits humains car elles ne peuvent pas choisir leur avenir, et menacent leur vie », a-t-elle déclaré.
Des manifestations contre la passivité du gouvernement
Cette campagne de mobilisation intervient alors que des manifestations ont été organisées toute la semaine au Nigeria, et notamment dans la capitale, Abuja. Les familles des jeunes filles enlevées par Boko Haram ont également crié leur colère et dénoncé la passivité du gouvernement nigérian face à la hausse de l’insécurité.
L’appel à l’aide de la communauté internationale commence néanmoins à être entendu. Le président nigérian Goodluck Jonathan a ainsi demandé l’aide des États-Unis pour lutter contre la secte qui multiplie les attaques terroristes. Une conférence de presse a été organisée cette semaine entre M. Jonathan et son homologue Uhuru Kenyatta, président du Kenya, pays également en proie à la hausse de l’insécurité ces derniers mois.
Les deux chefs d’État ont notamment insisté sur la nécessité de s’unir « pour gagner cette bataille » contre le terrorisme.
Une lutte délicate
La lutte contre ces exactions s’avère cependant complexe dans le pays où l’armée régulière nigériane n’est pas forcément vue d’un bon œil par la population. « Il y a des problèmes qui tiennent à l’acceptation de l’armée régulière par la population après avoir tué beaucoup de civils qui sont autant touchés par les massacres de Boko Haram que par ceux de l’armée », explique Marc-Antoine Pérouse de Montclos, spécialiste du Nigeria, à RFI.
« On est dans le cadre d’un État faible et l’armée est corrompue », note encore le chercheur, auteur d’un ouvrage sur la secte Boko Haram. « Près de 23% du budget de l’État est consacré aux forces de sécurité. Donc il y a énormément d’argent engagé, mais très peu qui arrive sur le terrain ».