L’Arabie saoudite a annoncé samedi 2 janvier l’exécution du haut dignitaire religieux chiite, le cheikh al-Nimr. Le prédicateur chiite de 56 ans a été exécuté, samedi 2 janvier, avec quarante-six autres personnes condamnées pour « terrorisme. » Une exécution politique sous couvert de lutte contre le terrorisme qui attise les tensions déjà vives entre l’Iran, majoritairement chiite, et l’Arabie saoudite où la minorité chiite s’estime souvent marginalisée et harcelée par l’appareil policier.
L’Arabie saoudite a exécuté ce samedi as moins de 47 de ses ressortissants, dont Baqer Al-Nimr, défenseur charismatique de la minorité chiite et critique virulent de la dynastie sunnite au pouvoir. Âgé de 56 ans, le cheikh Al-Nimr, était une figure respectée de la communauté chiite d’Arabie Saoudite. L’imam de la mosquée al-Awamiyya d’Al Qatif, ville située à l’est du royaume, au bord du golfe persique, avait été arrêté à plusieurs reprises pour des prêches qui en faisaient la figure de proue d’un mouvement de contestation contre la dynastie sunnite des Al-Saoud, qui avait éclaté en février 2011, dans la foulée des soulèvements arabes en Tunisie, en Égypte et à Bahreïn.
La plupart étaient accusés d’avoir rejoint des « organisations terroristes » et mis à exécution des « complots criminels ». Certains étaient des djihadistes sunnites condamnés pour leur implication dans des attentats meurtriers revendiqués par le groupe Al-Qaida en 2003 et 2004. Le 1er décembre, la branche d’Al-Qaida au Yémen avait menacé de faire « couler le sang » si les autorités saoudiennes décidaient de les mettre à mort. Dans le cas du haut responsable chiite, néanmoins, beaucoup voient une exécution politique sous couvert de lutte contre le terrorisme, qui traduit la ligne dure adoptée à la tête du pays depuis l’arrivée au pouvoir du roi Salman.
Condamné à mort en octobre 2014 pour « sédition », « désobéissance au souverain » et « port d’armes » par un tribunal de Riyad spécialisé dans les affaires de terrorisme, il a finalement été exécuté ce samdi. La mort de cet ayatollah, qu’Amnesty international considérait comme un prisonnier d’opinion, a provoqué l’indignation, dans le monde entier, particulièrement en Irak et en Iran, pays à majorité chiite. Bien que coutumier de discours virulents, Nimr s’est toujours gardé d’appeler à la violence. Atteint de quatre balles durant son arrestation, le cheikh n’avait pas bénéficié des soins nécessaires et sa jambe droite était restée paralysée. Amnesty International a rappelé que le procès de cheikh Nimr al-Nimr avait été « manifestement inéquitable. »
Cette nouvelle suscite une vive colère dans toutes les communautés chiites, et pas seulement celles du Moyen-Orient. Plusieurs centaines d’hommes et de femmes avaient manifesté en Arabie saoudite dans la ville à majorité chiite de Qatif (est), arborant des portraits du dignitaire chiite. Les protestations les plus fortes sont effectivement venues d’Iran, où la guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei a indiqué que la « main divine » vengera l’exécution du dignitaire chiite. Des manifestants ont lancé des cocktails Molotovcontre l’ambassade d’Arabie à Téhéran, incendiant une partie du bâtiment dans lequel ils ont pénétré avant d’être chassés par la police.