Débuts prometteurs pour Mostafa malgré des mélanges de genres parfois déroutants
Bien que l’association du drame et de l’horreur corporelle ne soit pas toujours concluante, Mostafa offre néanmoins un premier long métrage visuellement abouti et méritoire.
Dans son premier film saisissant et sévère, « Aisha ne peut pas s’échapper », Morad Mostafa raconte l’histoire d’une immigrante africaine aspirant à une vie meilleure et méritant bien plus que son sort actuel. Comme un oiseau en cage, elle est incapable de fuir ses conditions oppressantes et cruelles, un mélange de genres allant du drame à l’horreur corporelle qui rend le récit à la fois captivant et énigmatique.
Interprétée magistralement par Buliana Simon, qui offre une performance remarquable de retenue stoïque, Aisha est une aide-soignante soudanaise de 26 ans qui s’occupe des personnes âgées, gère leurs médicaments et entretient leurs appartements. Immigrée dans l’agité quartier d’Ain Shams au Caire, un lieu que Mostafa connaît bien pour y avoir passé son enfance et son adolescence, Aisha observe souvent et survit de justesse au chaos et à la violence qui éclatent dans les rues. Sa seule échappatoire est un marché peu reluisant conclu avec le chef de gang impitoyable Zuka (le rappeur Ziad Zaza). Dès le début, nous voyons Aisha quitter l’appartement où elle travaille pour la journée, après avoir fait une copie de la clé de la maison qu’elle remettra plus tard à Zuka. C’est un arrangement régulier entre les deux : Aisha vole des clés de maison et Zuka lui offre sa protection en retour.
Comme dans le film « Promised Sky » (qui a été présenté en même temps que « Aisha » dans la section Un Certain Regard à Cannes), le film de Mostafa se concentre sur une femme africaine aliénée et sans options sur son propre continent. Frustrée et souvent épuisée, elle passe ses jours et ses nuits en mode quasi-automatique, accomplissant ce qui est attendu d’elle et peinant à s’en sortir, pour finalement voir son emploi menacé après qu’un des clients dont elle a dupliqué la clé soit violemment attaqué par les hommes de Zuka lors d’un cambriolage. L’agence d’emploi ne lui permettra de conserver son poste que si elle accepte de changer de maisons et de devenir l’aide-soignante du répugnant et prédateur M. Khalil (Mamdouh Saleh). Lorsqu’Aisha refuse ses avances sexuelles et demande à être transférée, son employeur rejette simplement sa demande (bien que ce ne soit pas la première plainte à son sujet). Elle doit accepter ses abus sexuels comme partie intégrante de ses devoirs d’infirmière, ou chercher un autre emploi. Le cœur brisé, elle se soumet.
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Lorsqu’une étrange éruption cutanée apparaît sur le corps d’Aisha, le film intègre progressivement des éléments déroutants d’horreur corporelle à son récit. Un soupçon de symbolisme surréaliste se mêle également à l’intrigue, avec Aisha qui croise occasionnellement un autruche intimidant (parfois violent) dans les rues et les maisons où elle travaille. L’oiseau, avec sa posture menaçante, est sûrement une création de l’imagination d’Aisha. Il n’est pas tout à fait clair ce que ces séquences fantastiques sont censées symboliser : pourrait-il s’agir de la force intérieure grandissante d’Aisha, comme le suggère le titre ? Réalisées avec un travail de maquillage et des effets impressionnants, l’éruption cutanée granuleuse et aggravée autour de son torse suggère qu’elle pourrait se transformer en quelque chose qui ressemble à un autruche. Bien que ces séquences allongées soient efficaces, elles apparaissent comme une métaphore torturée et distrayante — les horreurs réelles de la situation d’Aisha parlent d’elles-mêmes assez clairement.
Malgré sa gestion parfois incertaine du mélange de tons et de genres, Mostafa dirige néanmoins le monde chaotique et complexe de « Aisha ne peut pas s’échapper » avec une lentille artistique, évitant heureusement toute romantisation visuelle au milieu des circonstances désastreuses de son personnage principal. Les trottoirs bondés, les routes poussiéreuses et une ville densément peuplée se déploient en arrière-plan, tandis que le directeur de la photographie Mostaga El Kashef reste proche du visage d’Aisha, soulignant sa perceptivité silencieuse. Dans son interprétation réfléchie d’une jeune femme sans perspectives favorables, Simon exprime clairement l’état d’esprit résolu d’Aisha, dominant l’écran avec son regard vif et intransigeant. L’actrice talentueuse approfondit et intensifie constamment l’atmosphère de « Aisha ne peut pas s’échapper », lui conférant une qualité obsédante et dangereuse.
Par moments, le film penche vers un misérabilisme inutile, mais heureusement, Mostafa offre à Aisha (et au public) des moments de répit, nous rappelant les petites poches de paix dans son monde grâce à des personnages secondaires sous-développés mais très bienvenus. L’un d’eux est un chef (Emad Ghoniem) qui nourrit souvent Aisha avec un généreux plat de nourriture. L’autre est une amie (Maya Mohamed) qui fait partie intégrante du petit cercle de soutien d’Aisha. Le film est au meilleur de sa forme lorsqu’il garde son objectif intimement sur les luttes tangibles d’Aisha, tout en contextualisant organiquement les modestes instants de bonté dans sa vie en contraste avec le contexte politique difficile de la région. Dans l’ensemble, Mostafa livre une étude de personnage intrigante et méritoire, avec des images mémorables et troublantes qui surprennent même lorsqu’elles dominent parfois le drame humain au cœur du film.
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Marc Lefebvre est un économiste et journaliste, expert en macroéconomie et marchés financiers mondiaux.