Autrefois, un grand espoir s’était levé. Un espoir qui, enfoui sous les ruines du stalinisme, avait commencé à se faire entendre de manière de plus en plus insistante, secouant les fondations des régimes autoritaires d’Europe de l’Est. De la Pologne à la Hongrie, en passant par l’Allemagne de l’Est et la Tchécoslovaquie, cet espoir avait finalement atteint la Roumanie à la fin de l’année 1989. Portés par ce désir ardent de liberté, les citoyens, jusque-là écrasés sous le joug d’une dictature des plus sévères, s’étaient soulevés dans une révolte sanglante qui avait conduit à la chute et à l’exécution du couple dictatorial, Elena et Nicolae Ceausescu.

Cette victoire sur la tyrannie avait semblé confirmer l’analyse optimiste de Francis Fukuyama, politologue américain, qui proclamait alors la « fin de l’histoire ». Selon lui, avec la fin de la confrontation entre les deux grands blocs de l’époque, la démocratie libérale était destinée à s’implanter et à prévaloir universellement. La Roumanie incarnait à ses yeux l’exemple parfait de cette nouvelle ère de liberté démocratique.

Toutefois, trente ans plus tard, cette vision est mise à rude épreuve dans le même pays. Les analystes politiques, stupéfaits, se demandent comment il est possible que les Roumains, qui avaient renversé Ceausescu, pourraient aujourd’hui soutenir Calin Georgescu. Ce candidat, relativement inconnu jusqu’alors, est perçu comme proche du Kremlin et ses positions sont souvent décrites comme fascistes. Cette situation interpelle quant à l’évolution politique de la Roumanie et remet en question les acquis de la transition démocratique.

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