La quête de soi d’une mère divorcée met en péril sa relation avec son fils dans le premier film émouvant d’Anna Cazanave Cambet
Dans les sociétés modernes, il est presque admis que l’identité d’une femme en tant que mère doit primer sur toutes ses autres facettes. Plus encore, une femme qui ne sacrifie pas tout autre amour pour l’amour de son enfant est considérée comme contre nature, une aberration, et pire encore, une mauvaise mère. Le film poignant « Love Me Tender », inspiré du roman semi-autobiographique de Constance Debré et réalisé par Anna Cazenave Cambet, critique cette idéologie hypocrite aux attentes démesurées. Grâce à une performance éblouissante de Vicky Krieps, le film atteint son but avec une précision douloureuse. Les chemins vers ce qui est socialement considéré comme un succès maternel sont étroits et strictement surveillés, et les façons d’échouer sont innombrables.
Vicky Krieps incarne Clémence, une écrivaine divorcée et ancienne avocate, qui partage amicalement la garde de son fils Paul, âgé de huit ans (Viggo Ferreira-Redier), avec son ex-mari Laurent (Antoine Reinartz). Clémence, qui vient de vivre une importante prise de conscience personnelle, est introduite comme étant contente et enthousiaste. Un jour à la piscine, après avoir nagé, elle a une liaison éphémère avec une femme dans sa cabine, puis sort pour appeler son fils sous un soleil parisien. Il lui demande combien de longueurs elle a faites, et elle lui montre le ciel, poursuivant leur petit rituel.
La caméra chaleureuse de DP Kristy Baboul tournoie autour de Clémence sur une musique de viola classique, symbolisant les bons jours. Cependant, Clémence n’a pas encore révélé à Laurent (et encore moins à Paul) qu’elle voit désormais des femmes. Elle organise donc une rencontre avec son ex dans un café familier pour lui annoncer la nouvelle, confiante en sa compréhension. La scène, presque comique, montre Laurent feignant d’accepter avant de prendre une longue gorgée de sa boisson. Plus tard, nous saisirons les sous-entendus de cette scène astucieuse et nous nous demanderons si l’attitude enjouée de Clémence et son rejet clair des avances de Laurent ne sont pas ce qui provoque chez lui une amertume inimaginable. Laurent, usant de sa position d’avocat, empêche Clémence de voir Paul et engage des procédures judiciaires en portant des accusations infondées qui lui font perdre la garde de Paul. Les répercussions sur Paul ne semblent jamais être prises en compte.
Le film, tout comme la vie de Clémence, se divise alors en deux : d’une part, elle continue sa vie professionnelle, personnelle et amoureuse, et d’autre part, elle entreprend la lourde tâche de reconquérir ses droits maternels à travers un imbroglio juridique. Bien que tous s’accordent sur son innocence, le processus est si tortueux qu’elle ne verra pas Paul pendant 18 mois. Même lors de leurs brèves rencontres supervisées, elle supplie : « Puis-je le prendre sur mes genoux ? » L’étreinte qui suit est un soulagement déchirant, mais loin d’être la fin de l’histoire.
À plus de deux heures, « Love Me Tender » semble un peu long, surtout lorsque la relation de Clémence avec la journaliste Sarah (Monia Chokri) devient sérieuse. Chokri semble légèrement mal castée et leur relation, malgré une scène de sexe explicite, convainc moins que, par exemple, l’aventure d’un soir de Clémence avec Victoire (Park Ji-min sous-utilisée de « Return to Seoul »). Toutefois, passer du temps avec Clémence, son colocataire Léo (Julien de Saint-Jean), ou son père (Féofor Atkine) est loin d’être inutile tant l’interprétation de Krieps est magistrale. Son langage corporel varie – sensuelle et décontractée avec une nouvelle amante, décontractée et juvénile avec des amis, et tendue dans cette horrible salle de médiation, comme si elle contrôlait les battements de son cœur.
Après l’excellent « We Believe You » de Belgique et « All to Play For » avec la remarquable Virginie Efira en 2023, les drames francophones sur les mères engagées dans des litiges de garde d’enfants sont très présents. « Love Me Tender » est une addition notable à cette tendance, grâce à Krieps, mais aussi pour sa fin triste mais émouvante : Clémence prend une décision transgressive et extrêmement difficile, tissée d’un mince espoir que, à mesure que nous apprenons à apprécier les mères aimantes qui sont également des femmes complexes, cela puisse un jour ne plus paraître si transgressif.
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Marc Lefebvre est un économiste et journaliste, expert en macroéconomie et marchés financiers mondiaux.