Les Britanniques sont impatients… Dans quelques jours, la duchesse de Cambridge, Kate Middleton, donnera naissance à son premier enfant. Le Royaume, en proie à une BabyMania, s’apprête à célébrer, comme il se doit, la naissance d’un – ou d’une – futur(e) monarque. Résolument tournés vers l’avenir, les sujets de sa Majesté Elizabeth II se souviennent aussi, avec une certaine nostalgie d’un précédent: la naissance du futur jeune père, William, le fils de Diana… Récit.
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Mummy, Diana l’est devenue le premier jour de l’été 1982
Comme si tout le royaume accouchait…
Ce jour-là, avec elle, c’est un peu comme si tout le royaume accouchait. Depuis l’annonce des fiançailles, un an et demi auparavant, la Diana-mania ne s’est pas essoufflée. Mieux, ou pire, elle ne cesse de s’amplifier. Un bonheur n’arrivant jamais seul… La semaine précédente, Margaret Thatcher et l’armée britannique ont bouté hors des Malouines, petit confetti de l’Atlantique sud, l’envahisseur argentin. En Espagne, l’équipe d’Angleterre de football, menée par Bobby Robson, a entamé la coupe du monde par deux victoires, dont un peu cordial 3-1 face à la France. Le pays est en liesse, le chauvinisme à son comble.
Il est presque minuit, ce 21 juin, et la foule s’est rassemblée en une masse compacte devant Buckingham Palace. Tout sourire, un huissier s’approche des grilles du palais et y accroche un petit écriteau. Dessus, une simple feuille blanche sur laquelle on peut lire, dactylographié : « Son Altesse Royale la Princesse de Galles a donné naissance à un fils à 21h03 aujourd’hui. Son Altesse Royale et son enfant se portent bien. »
Une explosion de joie
Débutent alors d’incroyables célébrations, spontanées et à l’excentricité so British. On agite l’Union Jack et jette des confettis. Des inconnus s’embrassent. Perchés sur les gigantesques statues du Victoria Monument, des jeunes gens, amateurs de champagne, se chargent de l’animation musicale. « It’s a boy ! It’s a boy ! », reprennent-ils en rythme. C’est un garçon, ce nouveau-né de 3 kg 200, et, petit prince, il sera, un jour, appelé à régner. Diana a rempli son premier devoir marital, donner rapidement un héritier au royaume.*
Au même moment, à quelques kilomètres de là dans le quartier de Paddington, un Charles, plus radieux que jamais, quitte l’aile Lindo de l’Hôpital St Mary où, dans une chambre privée du 4ème étage, mère et fils entament leur première nuit. « Quel soulagement que tout se soit bien passé », lance-t-il à la meute de journalistes. « C’est quelque chose, un sentiment très adulte. » A presque 34 ans, Charles endosse ses nouveaux habits de père, avec un plaisir non feint.
Une naissance difficile
Une naissance très longue et douloureuse, une journée pleine d’inquiétudes. Le terme de la grossesse avait été fixé au 1er juillet, jour du 21ème anniversaire de Diana, et, lorsque, avec dix jours d’avance, à 4h30 du matin, les premières contractions sont apparues, celle-ci s’est trouvée prise au dépourvu. Immédiatement, à bord d’une Rover de la police, elle effectue le trajet de 10 minutes vers la maternité. Diana aurait volontiers respecté la tradition selon laquelle les enfants royaux naissaient à Buckingham Palace. Mais, le Dr George Pinker, gynécologue de la reine, y avait mis formellement son veto. St Mary est une maternité réputée dans le monde entier, dotée de tous les équipements de pointe, et, comme il jugeait inutile de prendre le moindre risque, la future mère allait suivre l’exemple de sa belle-sœur, la princesse Anne qui y avait elle-même accouché de ses deux enfants. A son arrivée, elle avait enfilé une robe de nuit blanche puis pris un petit-déjeuner léger, quelques toasts, de la marmelade, un café et un jus d’orange. Une longue journée commençait.
Charles, père prévenant
Charles est demeuré à ses côtés. Du jamais vu. Jamais épouse royale n’avait eu pareil plaisir, en de telles circonstances. Pire, jusqu’en 1946, le ministre de l’Intérieur en personne, ou son équivalent historique, était délégué sur place afin de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’échange de nouveau-né, une vieille peur médiévale que le roi George VI avait jugé obsolète. Charles devenait le premier prince de Galles à voir naître son héritier. Blouse verte sur le costume et masque chirurgical sur le nez, il n’a pas bougé pendant les 16 heures de l’accouchement. Un accouchement si difficile que les médecins, constatant une hausse inquiétante de la température de Diana, ont envisagé un moment de pratiquer une césarienne d’urgence. Celle-ci refusa, attachée à ce que, autant que possible, l’accouchement soit naturel. Charles lui tenait la main, une infirmière passait régulièrement de la crème sur ses lèvres gercées et lui donnait des glaçons contre la déshydratation. Elle serrait les dents.
Quelques heures de sommeil et Charles réapparait à l’hôpital. Rassuré et requinqué, il déclare que son fils, ‘Baby Wales’ comme indique le bracelet attaché à son petit poignet, a déjà pris aspect plus humain. « Il a l’air étonnamment appétissant et ses doigts sont des petits boudins, juste comme les miens, » écrit-il à ses amis, Hugh et Emilie Van Cutsem. Le jeu des ressemblances ne fait que commencer. Selon la tradition, c’est à la reine que revient le privilège de visiter la première son nouveau petit-fils. Plus de 300 journalistes mais aussi de nombreux badauds sont pressés devant l’hôpital dans l’espoir de l’apercevoir. A la descente de sa berline, elle monte, silencieuse, les quelques marches du perron puis se retourne, tout sourire, pour saluer la foule de son petit mouvement de la main caractéristique. L’atmosphère est détendue et, en privé, preuve d’un humour certain, elle lance un cri du cœur : « Grâce au ciel, il n’a pas les oreilles de son père ». A bon entendeur, salut ! Au tour du reste de la famille. Le Comte Spencer, père de Diana, est aux anges : « Charmant bébé. Charmant petit garçon, magnifique. Ils sont tous très heureux, c’est une bonne nouvelle ». Frances Shand Kydd, la mère de Diana, offre un toast au champagne aux passagers du vol de la British Airways qui l’amène de Glasgow à Londres.
Pompe de circonstance
La joie est perceptible dans toute la capitale, et à travers le pays. Très officiellement, quarante et un coups de canon sont tirés à Hyde Park et quarante et un autres à la Tour de Londres. Un concert de carillon est organisé à Westminster Abbey. A travers tout le royaume, on joue God save the Queen. Dans les écoles, les maitres expliquent aux écoliers l’arrivée d’un petit bébé très spécial. Dans les journaux, figurent les photos d’autres nouveaux nés du même jour mais les Unes, dithyrambiques, donnent dans le biblique : « Un enfant est né ».
Deux jours plus tard, après avoir chaleureusement remercié l’équipe médicale et offert quelques photos aux infirmières présentes, Diana, en robe de grossesse vert émeraude, apparait enfin sur le perron de la maternité. Manifestement bien remise, les joues un peu rouges, elle sourit brièvement, et timidement, sous l’œil protecteur de Charles. Puis, acclamés par la foule, parents et enfant s’engouffrent dans leur voiture. Direction Kensington Palace. La joyeuse famille, agrandie et réunie, rentre à la maison.
Aux petits soins, Charles organise une party avec des amis en l’honneur de leur arrivée. Pour remercier sa femme, il a prévu deux cadeaux : un collier de diamants et de perles orné d’un cœur étincelant, et une nouvelle Mini vert pomme réalisée sur commande, avec un toit ouvrant et assez de place pour le siège de bébé.