A Addis-Abeba, ce samedi 4 décembre, les délégations du président Salva Kiir et de l’ancien Premier ministre Riek Machar devraient entamer des négociations. Objectif : trouver un compromis politique pour faire cesser un bain de sang ethnique qui ravage le pays depuis le 15 décembre dernier.
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Pour fuir les combats qui ravagent le Soudan du Sud depuis la mutinerie du 15 décembre dernier, de nombreux habitants ont trouvé refuge dans des camps de fortune installés sur le territoire. Selon les chiffres de l’ONU, les déplacés seraient aujourd’hui 180 000. Dans des conditions précaires, les Sud-Soudanais attendaient la paix, mais c’est la guerre qu’ils ont trouvée.
Les camps de réfugiés, témoins des violences dans le pays
Sous une chaleur écrasante, sans argent, vivant de peu tant il est difficile de se procurer eau et nourriture, les réfugiés d’un camp situé juste à la sortie de la ville de Malakal, au nord, attendent sans trop d’espoir la fin des hostilités. Un journaliste du New York Times s’est rendu sur place pour constater les conditions de vie de ces familles et témoigne de cette précarité alarmante.
« Nous avons besoin des travailleurs humanitaires pour nous guider vers un endroit où nous pourrons avoir la vie sauve », témoigne Hoth Gatkuoth, 27 ans, réfugié, pour qui les conditions de vie ne sont pas le danger le plus grave auxquels les réfugiés doivent faire face. En effet, ce camp situé juste à la sortie de la ville de Malakal est devenu, en quelques jours, le théâtre de la répercussion des violences de tout le pays.
« Dans deux jours, les gens vont se battre à l’intérieur du camp », prédit encore ce réfugié inquiet.
Tout autour du camp, près de la ville stratégique de Malakal, les combats ont été féroces. Plus au sud, une autre ville stratégique, Bor. Là aussi les Sud Soudanais se sont battus, faisant de nombreuses victimes, parmi lesquelles beaucoup de civils.
Des négociations ouvertes à Addis-Abeba
Le Sud-Soudan est plongé dans la violence depuis plusieurs semaines alors qu’une simple lutte politique entre le président Salva Kiir et son ancien Premier ministre Riek Machar a dégénéré en véritable conflit tribal opposant les Nuer et les Dinkas dans tout le pays. Ces conflits auraient déjà fait plusieurs milliers de victimes.
Le conflit a débuté le 15 décembre dernier, après que le président Salva Kiir ait accusé son ancien Premier ministre d’avoir fomenté un coup d’Etat contre lui. Depuis les deux camps se sont lancés dans une véritable conquête territoriale, chaque zone prise représentant un avantage avant les négociations de paix.
Après avoir longtemps tergiversé, les deux parties se sont finalement accordées pour se retrouver autour de la table de négociations. Des pourparlers directs devraient débuter, samedi 4 décembre, selon une annonce des autorités éthiopiennes dont le pays accueille la réunion.
L’Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l’est (Igad), qui arbitrera les discussions, « s’est engagée à soutenir les négociations par tous les moyens possibles », a ajouté le communiqué du ministère des Affaires étrangères éthiopien.
La porte est ouverte pour un conflit ethnique sans fin
Cependant, une paix négociée est loin d’être signée d’avance et dans ce jeu, dans lequel les pays voisins ont également un rôle à tenir, les Etats-Unis s’activent également pour aboutir à une paix durable.
La création du Soudan du Sud est en effet une des œuvres de Barack Obama sur le plan diplomatique. C’est grâce à son influence et à son action dans la région que les Sud-soudanais ont pu, en juillet 2011, participer au référendum créateur de ce nouveau pays.
Mais aujourd’hui, les observateurs craignent qu’une action étrangère dans ce conflit ne fasse qu’empirer les choses. « Le gouvernement Obama s’efforce activement de trouver une solution », lit-on dans un éditorial du Washington Post, paru jeudi 2 janvier. « Donald Booth, un nouvel émissaire, a rencontré Salva Kiir quatre fois en huit jours et a eu Riek Machar au téléphone. Les Etats-Unis disposent d’un moyen de pression considérable, car ils ont accordé des centaines de millions de dollars d’aide au Soudan du Sud ».
Cependant, lit-on encore, « une intervention étrangère dans le conflit risque d’aggraver les choses ».
« Ce qu’il faut, c’est faire pression sur les deux belligérants pour qu’ils retirent leurs forces et négocient une solution politique durable. […] Faute d’un tel compromis, le pays risque de plonger dans un conflit ethnique sans fin ».