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Grand Angle

Ce que la victoire du Sinn Fein en Irlande du Nord signifie pour le Royaume-Uni

11.05.2022 par Christophe Nourissier
Ce que la victoire du Sinn Fein en Irlande du Nord signifie pour le Royaume-Uni

Le parti indépendantiste Sinn Fein a devancé les unionistes au pouvoir en Irlande du Nord depuis des décennies.

La frontière entre Irlande et Irlande du Nord est un des points de tension majeurs de l’Europe contemporaine, plus de cent ans après son tracé. Cette ligne de démarcation à la forme géographiquement incohérente – elle sépare même une église de son cimetière – est avant tout politique et confessionnelle : il s’agissait de regrouper un maximum de protestants, historiquement opposés à l’indépendance vis à vis du Royaume-Uni, dans le nord. Le Parti unioniste démocrate DUP, est l’héritier de cette position idéologico-religieuse. Cependant, lors des élections législatives tenues le 5 mai dernier, c’est le Sinn Fein qui pour la première fois est arrivé en tête – l’ancien bras politique du groupe paramilitaire Armée républicaine irlandaise (IRA) qui se positionne ouvertement en faveur d’une réunification de l’Irlande. 

Avec 29% des suffrages – contre 21% pour les unionistes – le Sinn Fein inverse donc la balance symbolique dans ce territoire rattaché au Royaume-Uni. Par ailleurs, le scrutin est surtout marqué par la percée du parti liberal Alliance (17 sièges, +9) qui conteste le système de consociationalisme actuellement en vigueur et veut dépasser le clivage unioniste/indépendantiste. En effet, depuis l’accord du « Vendredi saint » (1998), le parlement nord-irlandais fonctionne dans une co-gouvernance entre les principaux partis, le Premier ministre et le vice-Premier ministre étant issus des groupes opposés. Dans ce système, chaque parti politique disposant d’un nombre de ministres proportionnel à son nombre de sièges à l’Assemblée. Tous doivent y participer, sans quoi le pays n’a pas d’exécutif. 

Le DUP dans la tourmente

Ce vote ne correspond pas pour autant à un plébiscite en faveur de l’unification de l’Irlande – et ce en dépit des cris au loup des élus du DUP tout au long de la campagne. « Parmi ceux qui ne voteront pas pour les partis unionistes, il y en a qui voteront pour l’Alliance, un parti du centre, qui penche plutôt pour rester sous le contrôle de Londres pour des raisons économiques”, analysait justement l’historien Paul Bew avant le scrutin. “Il n’y a donc pas forcément de probabilité d’assister à vote pour l’unification avec l’Irlande dans un avenir proche. » Il faut également noter que le vote en faveur du Sinn Fein n’a pas réellement progressé. C’est davantage le parti unioniste qui s’est effondré, notamment affaibli par la création d’une formation rivale.

L’inquiétude au sein de la population Nord Irlandaise a joué un rôle déterminant dans ce vote. L’inflation pèse de plus en plus sur le budget et le moral des ménages – les produits de consommation courante ont vu leurs prix augmenter de près de 3%. Dans le même temps, les griefs se sont accumulés contre le système de santé local, notamment portés par la pandémie. Le Sinn Féin a habilement fait campagne sur ces deux thématiques, alors que le DUP a pâti de l’usure causée par l’exercice du pouvoir – en particulier en temps de crise. Et ce d’autant que le gouvernement britannique – auquel participe le DUP – doit également  faire face aux douloureuses répercussions du Brexit.

L’ombre du Brexit

Au premier plan des griefs de la province on trouve en effet le protocole nord-irlandais qui rétablit des contrôles douaniers dans la mer d’Irlande sur certaines marchandises. Cela a eu pour effet de ralentir sensiblement une partie de l’économie. Vent debout contre cette solution, le DUP n’est pas parvenu à peser suffisamment au sein de la majorité à Westminster pour bloquer cette solution. Le Premier ministre Paul Givan a présenté sa démission juste avant les élections afin de manifester son exaspération – une décision qui n’aura visiblement pas convaincu les électeurs unionistes, qui se sont sentis trahis par le gouvernement britannique conservateur. De fait, la frontière les exclut symboliquement de la nation à laquelle ils souhaitent tant appartenir. 

Au lendemain du vote, le nouveau leader du DUP, Jeffrey Donaldson, a une nouvelle fois déploré que le protocole nord-irlandais négocié par Londres et l’UE porte « atteinte à l’économie » de la province et à sa « stabilité politique ». Il n’a pas  pour autant quitté la majorité conservatrice de Boris Johnson, qui a non seulement soutenu le Brexit mais également décidé de cette solution douanière contentieuse. Pour l’heure, le DUP refuse de rejoindre un gouvernement tant que resteront en place les contrôles douaniers post-Brexit entre l’Irlande du Nord et le reste de l’union, qui, selon eux, menacent selon lui l’intégrité du Royaume-Uni. Le parti presse Londres de revoir l’accord passé avec l’UE – une solution totalement fantasque au vu des réponses européennes aux demandes de réouverture du dossier. Faute de résultats, leur soutien au Premier ministre britannique est de moins en moins certain.

Un renversement politique, mais aussi démographique

Dans ce contexte, les pourparlers visant à la formation d’un gouvernement s’annoncent donc particulièrement difficiles. Et pourtant, le pays a besoin d’un accord pour pouvoir fonctionner. Edwin Poots, un élu du DUP, a prévenu que les négociations prendraient « des semaines, avec un peu de chance, ou même des mois ». La dirigeante du Sinn Fein, et future Première ministre, Michelle O’Neill s’est voulue pour sa part rassurante, en appelant à l’union pour assurer la « stabilité » de la province. Ce faisant, elle adopte la posture de la raison, ce qui indique un renversement des rôles historiques sur le scène politique nord-irlandaise 

Ce positionnement est le reflet d’une histoire qui va dans le sens du Sinn Fein. “Le dernier recensement a eu lieu en 2021 et les résultats seront annoncés au mois de juin. Tous les démographes pensent que ces résultats vont indiquer pour la première fois qu’il y a une majorité catholique en Irlande du Nord”, souligne Christophe Gillissen, professeur de civilisation britannique et irlandaise à l’Université de Caen Normandie. “Cette majorité inclut de nombreux jeunes qui ne votent pas encore, mais cela signifie que dans un avenir assez proche, il y aura une majorité de catholiques qui votera et qui pourrait donc voter pour une réunification de l’Irlande”. Et ce d’autant que le Sinn Fein est dispose également d’une solide majorité en République d’Irlande, et n’attend qu’une main tendue. 

Christophe Nourissier

Analyste politique, conseiller en stratégie et président de l’association la France et le Monde, Christophe Nourissier a été la plume de plusieurs personnalités en Europe et en Afrique francophone. Il est aujourd'hui commentateur politique. A ce titre, il contribue à plusieurs médias en ligne et écrit régulièrement sur l'actualité internationale. Il est Directeur de Publication de La Revue Internationale.

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