Mardi 29 novembre, à 20 heures heure française, les équipes iraniennes et américaines de football vont se s’affronter au stade Al-Thumama, à Doha. La rencontre, qui n’avait pas eu lieu depuis vingt-quatre ans, promet d’être forte en intensité.
Equipe iranienne sous pression
Les joueurs de l’équipe iranienne sont de toute évidence divisés face à la situation dans leur pays. Avant de venir au Qatar, ces derniers ont d’abord rendu visite au président de la République, Ebrahim Raissi, provoquant la colère des manifestants partout dans le pays, et avant leur premier match (perdu 6-2 contre l’Angleterre) ils ont refusé d’entonner l’hymne national, en signe de soutien au mouvement de contestation. Ils ont en revanche chanté au début de leur second match, gagné 2-0 face au Pays de Galles.
Pour ce dernier match de poule face aux Etats-Unis, l’équipe iranienne sera bien sûr soumise à une pression particulière, en atteste la virulence des questions des journalistes lors de la conférence de presse d’avant-match. Les deux sélectionneurs ont cependant réussi à déjouer les pièges, et éviter que la situation ne s’envenime. « Pour nous, c’est un match de foot, rien de plus », a simplement déclaré le sélectionneur américain, Gregg Berhalter. Son homologue iranien, le Portugais Carlos Queiroz, s’est lui montré plus diplomate. « On est solidaires de toutes les causes, partout dans le monde, a assuré le technicien portugais. Les droits humains, le racisme, les tueries dans les écoles… Mais, ici, notre mission est de donner du sourire aux gens pour quatre-vingt-dix minutes », a-t-il répondu.
Un journaliste iranien s’est même servi de l’exemple français pour expliquer l’engouement des Iranien pour leur équipe. « Certaines personnes n’apprécient pas les agissements du gouvernement iranien, ça se respecte, mais ça arrive dans d’autres pays, à l’image des “gilets jaunes” en France. Les Français sont dans la rue, ils insultent Macron, mais ils célèbrent les succès de l’équipe de France »
Pas de réelle haine de l’Amérique
Les discours et manifestions antiaméricaines souvent médiatisées en Iran sont toutefois loin des sentiments partagés par les supporters iraniens présents au Qatar pour assister au match de mardi soir. Pour Ali, homme d’affaires iranien, il n’existe d’ailleurs pas de haine de l’Amérique. « Le peuple iranien admire les Américains. Chez nous, il y a une fascination pour les États-Unis, assure-t-il. Il ne faut pas oublier que, avant la révolution de 1979, l’Iran était un peu le 52e État américain, les films américains sortaient à Téhéran presque en même temps qu’à Washington ».
« La révolution nous a amené toute cette dialectique selon laquelle les États-Unis sont le grand méchant loup, mais les jeunes, eux, n’écoutent pas cette propagande », ajoute Ali. « Javad Zarif, l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui passa plus de vingt ans en Amérique, et Ali Akhbar Salehi, l’ancien patron du nucléaire formé au prestigieux Massachusetts Institute of Technology, ont une grande affection pour les États-Unis, illustre le supporter. D’ailleurs, les enfants de Zarif sont amis avec ceux de John Kerry ».
Ainsi, selon l’ancien footballeur américain David Régis présent lors de la rencontre de 1998, il n’y a rien à redouter de cette rencontre. La dernière fois « cela s’est fait naturellement, presque instinctivement », se rappelle-t-il. « À chaque corner, à chaque ballon touché, il y avait des sifflets, parfois des insultes. Mais on a l’habitude, les supporteurs restent des supporteurs », plaisante l’ancien défenseur.