Mardi 11 février, le président philippin Rodrigo Duterte a annoncé l’abrogation d’un important pacte militaire signé en 1998 avec Washington. Cette décision est perçue comme une oeillade à Pékin par les Etats-Unis, qui redoutent un déséquilibre stratégique dans le Pacifique.
Décision sans appel
Le pacte VFA (accord sur un droit de visite de forces armées) restera valide pour les cent soixante-dix-huit jours à venir, et pas un de plus. Manille a en effet violemment fermé la porte à d’éventuelles renégociations, précisant qu’elle « ne répondrait à aucune initiative des Etats-Unis pour sauver l’accord » et que Rodrigo Duterte n’accepterait aucune invitation de la part de la Maison-Blanche.
Lundi 10 février déjà, le président philippin s’en était pris aux Etats-Unis, affirmant que Washington organisait ces manœuvres conjointes dans son seul intérêt. « Quand ils s’en vont, ils ne nous laissent aucune arme. Rien ! », s’est plaint monsieur Duterte, ajoutant : « Les Chinois, eux, ne nous font pas de mal tant que nous ne faisons rien contre eux. »
Divergences internes
La décision du président Duterte d’abroger le pacte VFA est cependant loin de faire l’unanimité, et pourrait être source de divergences entre le pouvoir politique et certains responsables de l’armée, très proches de Washington.
Début février, le contre-amiral Giovanni Carlo Bacordo, chef de la marine philippine, avait par exemple assuré que ses navires continueraient de lever « haut les couleurs du drapeau philippin » en mer de Chine du Sud. Un pied de nez à Pékin qui s’apparente à un cri de ralliement sous bannière américaine, et qui pousse à s’interroger sur une possible opposition entre les deux dirigeants philippins.
Traité d’assistance militaire
Le pacte VFA étant le cadre légal des exercices militaires entre les armées des Philippines et des Etats-Unis, son abrogation « risquerait » de mettre fin à ces manœuvres, s’est inquiété le secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires politico-militaires, René Clarke Cooper.
Mais quoi qu’il advienne de ce pacte, les deux pays resteront tout de même soudés par un traité d’assistance militaire signé en 1951, qui prévoit une aide mutuelle en cas d’agression par un pays tiers.