Visions Ancestrales du Futur: Le retour émouvant et créatif de Lemohang Mosese

Le réalisateur originaire du Lesotho et son nouveau film : une réflexion sur les racines et l’exil

Lemohang Mosese, réalisateur né au Lesotho, revient avec une œuvre contemplative sur les thèmes de l’origine et de l’exil, empreinte d’une riche poésie visuelle et verbale. Le film, intitulé « Ancestral Visions of the Future », captive par ses images, bien que son texte, parfois trop abondant, puisse sembler excessif.

Dès les premières minutes de « Ancestral Visions of the Future », Lemohang Mosese partage, en voix off, que ce film est un hommage au cinéma et un éternel clin d’œil à sa mère. Cette déclaration semble presque superflue tant le film lui-même est une célébration du cinéma, proposant une expérience visuelle riche et stimulante. Le monologue personnel, qui se déploie tout au long du film, est un hommage à la fois à sa mère et à sa patrie, explorant la douleur de l’éloignement tant de sa mère, absente en Europe pendant son enfance, que de son pays natal durant son exil d’adulte en Europe.

Le son du film est dominé par ce monologue, accompagné par la musique métallique et atonale de Diego Noguera. Les paroles de Mosese, à la fois lyriques et denses, fournissent de nombreux indices narratifs et thématiques au public, bien que leur lien avec les compositions visuelles, chargées de symbolisme, puisse parfois sembler abstrait. Par moments, le texte, trop littéraire, semble même déstabiliser Mosese en tant que narrateur.

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Mélangeant réflexions autobiographiques et inventions à la troisième personne, et flirtant avec les genres documentaire, fiction et installation artistique, le film explore les sentiments personnels d’aliénation de Mosese en tant qu’artiste africain résidant à Berlin, ainsi que l’état de devenir permanent de son continent d’origine. Les rares moments sans paroles du film offrent de véritables oasis de contemplation.

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Cette surcharge verbale rend le film moins accessible que son prédécesseur de 2020, « This Is Not a Burial, It’s a Resurrection », plus direct et narratif. Néanmoins, après une première très médiatisée dans la section Berlinale Special de cette année, les programmateurs de festivals et les distributeurs à la recherche de nouveauté devraient être séduits par la puissance sensorielle et politique de ce nouveau film. Il y a même, peut-être, une dimension provocatrice dans l’abondance rhétorique du film — une projection audacieuse d’une voix noire longtemps marginalisée.

Un élément visuel récurrent est l’image d’un long tissu cramoisi, dont la teinte et la texture varient sous le soleil du sud de l’Afrique, étendu à travers le paysage accidenté du Lesotho, parfois même ornant les rues d’une petite ville de marché. Ce tissu semble symboliser à la fois les effusions de sang qui ont marqué l’histoire du pays et la violence qui persiste dans ses frontières aujourd’hui.

À un moment donné, ce ruban sinistre conduit à Manthabiseng (Siphiwe Nzima), un personnage silencieux inspiré par une femme réelle assassinée par une foule vengeresse de son peuple Basotho en 1991, après qu’elle n’ait pas remarqué son enfant voler dans un magasin. Dans une autre scène, ce même ruban émane de la carcasse d’une BMW 325iS détruite, modèle autrefois associé au terrorisme des gangs dans la région.

Manthabiseng est l’une des deux figures humaines sur lesquelles Mosese projette obliquement ses propres attachements et anxiétés concernant sa terre natale. L’autre est Sobo (Sobo Bernard, dans une interprétation de lui-même), un marionnettiste et herboriste de rue que le cinéaste a rencontré à son retour au Lesotho, dont les performances et prescriptions cherchent à éduquer et guérir ses compatriotes.

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Dans ce film, le bucolique n’est jamais exempt d’extrêmes viscéraux de douleur et de difficulté, comme dans les scènes répétées d’un vieil homme et d’un jeune enfant labourant la terre si ardemment que leurs corps semblent se fondre dans le sol. Mosese et son co-directeur de la photographie, Phillip Leteka, capturent le paysage avec un équilibre entre sévérité et saturation, similaire à « This is Not a Burial », avec cette traînée écarlate de tissu qui tranche souvent à travers des cadres dominés par le ciel azur et le vert printanier des terres agricoles. Le Lesotho, affirme le réalisateur, reste le pays le plus dangereux d’Afrique; le tissu zigzague entre victimes et auteurs, liant la population dans une seule et vaste blessure.

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