Dévoilement d’un film émouvant juste avant un revers juridique majeur pour les mineurs transgenres
Le film des sœurs Toboni, sorti peu de jours avant un important revers juridique affectant les mineurs dont l’identité de genre ne correspond pas à celle assignée à la naissance, propose un argument émotionnel puissant.
À un moment où la Cour Suprême des États-Unis vient de confirmer des lois étatiques sévères interdisant les soins de confirmation de genre aux mineurs, le film « Just Kids » offre une perspective intime sur trois adolescents qui cherchent à vivre en harmonie tout en ressentant une profonde discordance avec leur propre corps. Bien que le format du documentaire soit classique, mettant en scène des interviews face caméra avec les trois jeunes et leurs familles, il parvient à humaniser de manière efficace les conséquences de cette décision juridique.
Le film est l’œuvre des sœurs Toboni, Gianna à la réalisation et Jacqueline à la production. Leur scénario, coécrit avec Samantha Wender, cite la décision de la Cour Suprême de 2015 autorisant le mariage homosexuel comme catalyseur ayant mobilisé les forces politiques chrétiennes de droite pour refuser aux personnes trans l’accès aux soins médicaux dont elles ont besoin. Des experts, des militants des droits civiques et des professionnels de la santé y expliquent comment les soins affirmant le genre sont devenus la cible d’une guerre législative idéologique après cette avancée majeure.
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Les jeunes protagonistes du film viennent de divers horizons et partagent des expériences variées. En Caroline du Sud, le public rencontre Joplin, 15 ans, qui admire son père vétéran et amateur d’armes à feu. À Waco, Texas, il y a Alazaiah, 17 ans, une TikTokeuse joyeuse et pétillante avec des paillettes dans les cheveux. Au Texas également, le film présente Tristan, 14 ans, dont la mère célibataire se démène pour subvenir aux besoins de ses deux enfants.
Les trois adolescents sont montrés menant une vie épanouie à l’école comme à la maison. Le film suit ces jeunes et leurs familles alors qu’ils entament les premières étapes de leur transition. Il est rafraîchissant de voir que chacun vient d’un foyer soutenant, contrastant agréablement avec de nombreux récits queer où les jeunes cherchent acceptation de leur famille et de leur communauté.
« Just Kids » présente un argument solide contre ceux qui cherchent à limiter les droits de ces adolescents, en mettant en avant leur perspective et en soulignant leur désir de vivre selon leurs propres termes. Le contexte historique, social et médical est parfois présenté de manière assez sèche, mais la réaction des protagonistes rend ces détails poignants.
Par exemple, le film révèle que les États-Unis comptent environ 200 000 réfugiés internes, représentant la plus grande migration interne depuis l’ère du Dust Bowl dans les années 1930. Ces familles ont dû quitter leur domicile et déménager dans des États acceptant leurs enfants. Cependant, le film montre le poids des changements législatifs, des soins médicaux refusés, des factures accumulées, des menaces des voisins, des appels téléphoniques abusifs et du traitement haineux des camarades d’école. Tout cela devient émotionnellement puissant à travers le regard des sujets.
Une scène déchirante montre un médecin informant un des jeunes via Zoom sur l’impact des nouvelles lois sur leur traitement, évoquant presque une rupture et laissant une impression durable. Le médecin s’est vu interdire de continuer à fournir des soins affirmant le genre, ce qui signifie qu’il a dû quitter l’État natal du patient et ne peut plus fournir d’assistance médicale à travers les États. Le visage en larmes de l’enfant emplit le cadre, et l’effet tragique de ces lois devient palpable.
Ailleurs, « Just Kids » montre des preuves d’injustice avec la menace d’enquêtes des Services de Protection de l’Enfance planant sur ces trois familles aimantes. Pour certains, la fuite est la solution; pour une autre famille, le choix se porte sur le combat judiciaire.
Après avoir atteint ce sommet émotionnel aux trois quarts du film, « Just Kids » ne parvient pas à maintenir le même niveau d’intensité dans sa dernière section. Le film semble long, comme s’il stagnait sur place, en répétant les mêmes problèmes. Cela est peut-être dû au fait que l’histoire est encore en train de se dérouler et que ces jeunes ne font que commencer leur vie. « Just Kids » couvre seulement un an, après tout. Néanmoins, il trouve une catharsis en montrant leur progression, en recevant et en donnant de l’amour au fur et à mesure. Le ton du film reste hopeful, malgré les adversités rencontrées par ses protagonistes.
« Just Kids » illustre clairement les effets des lois sur la vie des jeunes trans. Il interroge, à travers les témoignages des protagonistes, ce que les législateurs entendent par « protéger les enfants ». En effet, comme le montre le film en exposant les perturbations et le chaos apportés à ces familles, de tels efforts semblent plutôt relever de la posture politique. Le film peut être modeste dans ses ambitions cinématographiques, mais son message vise à changer les mentalités et, éventuellement, les vies.
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Marc Lefebvre est un économiste et journaliste, expert en macroéconomie et marchés financiers mondiaux.