Critique de « The Teacher »: Un puissant drame de Cisjordanie, malgré ses déséquilibres!

Répercussions émotionnelles de l’occupation

Réalisé avant le 7 octobre 2023, le long métrage palestinien explore les conséquences émotionnelles de l’occupation.

Dans son premier long métrage intitulé « The Teacher », la réalisatrice palestino-britannique Farah Nabulsi met en lumière les indignités absurdes de la vie sous occupation militaire. Tourné en Cisjordanie sur une période de trois mois, ce film sélectionné pour le Festival du Film de Toronto 2023 raconte l’histoire d’un enseignant palestinien tourmenté qui lutte avec ses allégeances politiques lors d’une période particulièrement tendue pour un élève dont il s’occupe.

Le drame intergénérationnel de Nabulsi est méticuleusement composé, bien que les intrigues secondaires du film (impliquant quelques personnages américains et britanniques) semblent parfois un peu forcées. Là où « The Teacher » excelle véritablement, c’est dans son équilibre subtil entre les réalités internes et externes de ses protagonistes arabes, constamment désalignées par la violence environnante.

À travers des plans sinueux montrant l’enseignant d’anglais Basem (Saleh Bakri) en route pour son travail, Nabulsi nous plonge dans une atmosphère tendue mais chaleureuse et pittoresque, propice aux changements imprévisibles du statu quo. Deux des étudiants adolescents de Basem — Yacoub, le plus âgé et turbulent (Mahmoud Bakri), et Adam, le plus jeune et studieux (Muhammad Abed El Rahman) — partagent sa classe malgré leur différence d’âge, en raison du temps passé par Yacoub en détention israélienne. Yacoub a de la chance, malgré les épreuves qu’il a subies, puisqu’il bénéficie non seulement du soutien de Basem, mais aussi de celui d’une travailleuse sociale humanitaire britannique, Lisa (Imogen Poots), qui le visite de temps en temps.

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Cependant, aucun soin ou bonne intention ne peut empêcher la démolition soudaine de la maison des frères, ordonnée de manière vague par les FDI — une humiliation pour laquelle la famille doit même payer. C’est l’une des nombreuses humiliations douloureuses subies par les personnages palestiniens du film (comme celles présentées dans le documentaire primé aux Oscars « No Other Land »), face auxquelles ils semblent avoir peu de recours légal. Ne voyant pas d’autres options, Adam commence à envisager des moyens de se venger, mais Basem, ayant déjà emprunté cette voie de la colère, le conseille autrement.

Les tensions père-fils entre Basem et Adam (présentées avec une franchise directe) sont un élément central du drame du film, résultant en un duo de performances profondément captivantes, toujours sur le point d’exploser. Le scénario exige que les deux acteurs ne montrent pas seulement une vulnérabilité ardente, mais aussi qu’ils ruminent ces sentiments pendant de longues périodes, ce qui bénéficie de la présentation simple et directe de Nabulsi. Même les intrigues secondaires moins réussies — comme la romance naissante de Basem avec Lisa — sont affectées par cette inertie, et par les fardeaux émotionnels imposés à Basem et Adam par l’autoritarisme.

Lorsque vous n’avez aucun exutoire pour votre rage, tout ce que vous pouvez faire est de la diriger vers l’intérieur. Cependant, plus nous en apprenons sur Basem, de son propre passé tragique — en tant que père dont le fils a été condamné à une longue peine pour avoir manifesté — à ses liens secrets avec des mouvements de résistance souterrains, plus cette notion de canalisation efficace des émotions devient complexe. Par ailleurs, un diplomate américain (Stanley Townsend) et sa femme (Andrea Irvine) se rendent à Tel Aviv dans l’espoir de sauver leur fils, un soldat des FDI pris en otage par l’un des groupes mentionnés, qui demandent la libération de mille détenus palestiniens en échange de sa liberté. Ces deux histoires, de pères essayant de libérer les jeunes générations de la violence qu’ils rencontrent, fonctionnent bien ensemble, même si la moitié israélienne du drame du film tend à être trop explicative.

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Ce scénario de prisonnier fait écho à l’histoire réelle du soldat des FDI Gilad Shalit — qui a été libéré en échange de 1,027 Palestiniens — un déséquilibre de valeur personnelle et culturelle que Nabulsi tente d’explorer. Malheureusement, la question de combien de valeur est accordée à une vie israélienne par rapport à une palestinienne est répondue surtout en paroles, et donc de manière trop directe (et peut-être trop didactique), alors que tant de drame du film aurait pu lui donner un ancrage émotionnel. Après tout, « The Teacher » dépeint les horreurs et les indignités que les gens sont forcés d’accepter pour simplement continuer à vivre, mais ce calcul n’est pas autorisé à se dérouler avec les mêmes réalisations viscérales que d’autres instances — comme la destruction bureaucratique inévitable de la maison d’Adam.

Beaucoup de ce qui est dépeint dans « The Teacher », des maisons démolies aux attaques destructrices des colons, s’est également déroulé autour de la production, selon Nabulsi. Le film est donc imprégné d’un sens de véracité chargé, grâce en grande partie à la capacité aiguë de ses interprètes de ne pas seulement supporter les pressions croissantes, mais de transmettre silencieusement les possibilités qui en découlent, et même les impossibilités, souvent sans mots. Ce que les personnages peuvent ou ne peuvent pas faire en réponse, et la catharsis qui leur est refusée, sont des parties clés de leur histoire, et de la vie en Cisjordanie en général — une réalité que Nabulsi transmet dans des teintes réalistes et frappantes, malgré les difficultés de son premier long métrage.

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