En juin 2019, à Panmunjom, située dans la zone démilitarisée qui divise la Corée du Nord et la Corée du Sud, une scène historique se déroule. Donald Trump, alors président des États-Unis, serre la main de Kim Jong-un, le leader nord-coréen, avant de franchir la frontière à l’invitation de ce dernier, marquant ainsi la première fois qu’un président américain en exercice pénètre en Corée du Nord.

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Cependant, en dépit de la signification historique et symbolique de cet acte, aucune initiative concrète n’a été établie et les discussions censées détendre les tensions géopolitiques dans la région ont échoué.

En janvier 2025, Trump assumera la présidence pour entamer un nouveau mandat. Cet événement rappelle aux dirigeants de Pyongyang les rencontres frustrantes entre le républicain et Kim Jong-un en 2018 et 2019, souligne Atsuhito Isozaki, professeur à l’Université Keio et spécialiste de la Corée du Nord, dans un entretien accordé au quotidien Asahi Shimbun concernant l’impact du retour de Trump sur les relations entre Washington et Pyongyang.

Une péninsule déstabilisée ?

Malgré certaines concessions faites par le régime nord-coréen à l’époque – comme l’absence de lancement de missiles en 2018 et la libération de trois citoyens américains détenus –, les pourparlers avec les États-Unis n’ont pas abouti aux résultats espérés, tels que la levée des sanctions économiques. « Les Nord-Coréens sont convaincus d’avoir été ridiculisés malgré leurs efforts, » explique Isozaki.

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Selon lui, les autorités de Pyongyang estiment que si Washington souhaite reprendre les négociations, il est temps pour les Américains de faire des concessions. En d’autres termes, la porte au dialogue reste ouverte, « tout dépend si les conditions leur semblent favorables ou non, » précise le politologue japonais.

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L’existence de l’arsenal nucléaire nord-coréen est « désormais un fait incontestable, » ce qui pousse la Corée du Sud, sous la direction du président conservateur Yoon Suk-yeol, à adopter une position très stricte vis-à-vis de son voisin du Nord.

De son côté, Pyongyang a retiré en 2023 toute mention de réunification avec le Sud de sa doctrine d’État. Ce changement pourrait-il contribuer à une plus grande instabilité dans la péninsule coréenne ?

Sur cette question, Isozaki reste prudent. « Si la Corée du Nord considère toujours la Corée du Sud comme un territoire à réunifier, elle pourrait envisager de l’annexer par la force, car elle le verrait comme lui appartenant, » explique-t-il. « Mais si Séoul est perçu comme un pays étranger, cela complique la logique. Bien que l’approche de la Corée du Nord puisse sembler très agressive, elle mérite une analyse minutieuse pour évaluer si elle constitue une menace réelle pour la stabilité régionale. »