“Les médias russes présenteront probablement cela comme la destruction d’une cible militaire”, ironise un homme en désignant les ruines de la poste et du centre commercial de Mykolaïvka, détruits il y a peu. Assis dans l’herbe, il semble résigné, ne cherchant plus à attendre son tour avec les autres venus signaler les dommages subis à leurs fenêtres à l’ONG locale.

Des dizaines d’appartements ont été endommagés et les habitants qui sont restés doivent se préparer pour un hiver qu’ils redoutent plus sévère que les précédents. Si les forces russes venaient à détruire la centrale électrique voisine, faute de pouvoir prendre le contrôle de la ville, la situation se compliquerait encore, car cela mettrait Kramatorsk et Sloviansk à leur portée.

Kits d’assistance et allocations

Le front est à une vingtaine de kilomètres de là. L’électricité, l’eau et le gaz sont encore opérationnels, un luxe vu la proximité des combats. Pour l’instant, Mykolaïvka n’est pas en phase d’évacuation. Néanmoins, beaucoup de résidents ont besoin d’aide. Une femme âgée, soulagée de pouvoir déclarer les dégâts de son appartement, demande :

“J’aurais besoin d’un peu d’argent. Mes chaussures sont trouées.”

Une agitation perturbe la queue. Un employé de l’ONG intervient pour rétablir l’ordre. L’organisation distribue ensuite un kit d’aide qui comprend un matelas, une petite lampe solaire, une brosse à dents, du dentifrice, des serviettes hygiéniques et un thermos.

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“Alors, à quoi bon des fenêtres si elles sont inexistantes ?” interroge une jeune femme restée avec sa fille, qui va à l’école primaire. Elle attend de nouvelles fenêtres, mais les professionnels pour les installer sont soit au front, soit dans des zones plus sûres. “Où pourrions-nous aller ?” continue-t-elle. “Nous avons déjà déménagé une fois. Il n’y avait pas de travail. Le loyer était exorbitant. Nous sommes revenus.”

Il existe une allocation de 5 000 hryvnias (109 euros), mais un loyer dans une ville plus sûre coûte au moins 12 000 hryvnias (262 euros). C’est pourquoi beaucoup choisissent de rester dans leurs villes menacées. Elle ajoute :

“Nous ne pouvons qu’espérer que la paix arrive enfin. Nous vivons comme ça. Ou plutôt, nous survivons.”

À Mykolaïvka, chacun a son avis sur Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, qui prône la paix et semble favoriser Vladimir Poutine. “Il fait ça pour l’argent”, s’exclame Infarit Atmahkayevitch Davlat, un Tatar né au Kazakhstan et arrivé en Ukraine dans les années 1980. À 67 ans, il ne souhaite aller nulle part, mais refuse également de devenir un citoyen de l’État russe.

Parfois, on peut entendre au loin le bruit des combats d’artillerie. Tout le monde sait qu’une bombe pourrait tomber à tout moment, mais Mykolaïvka devrait connaître un hiver plus calme que d’autres zones du front.

Koupiansk assiégée

À 200 kilomètres au nord, la situation est plus critique. Koupiansk ressemble à un champ de ruines. Cette ville, qui comptait autrefois 30 000 habitants, n’en a plus que 3 000 au maximum. Il y a deux ans, Koupiansk a été libérée après sept mois d’occupation russe. L’armée ukrainienne a franchi la rivière Oskil qui divise la ville en deux et a repris plusieurs localités.

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Aujourd’hui, les évacuations continuent.