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Grèce: pourquoi la gauche radicale monte en flèche

14.02.2014 par La Rédaction

Le parti Syriza, à la gauche de la gauche en Grèce, connaît depuis 2012 une spectaculaire ascension. Dans un pays miné par la crise, que la gauche traditionnelle n’a pas su gérer et contre laquelle la droite au pouvoir adopte des impopulaires plans d’austérité, la gauche radicale grecque pourrait bien devenir la première force politique du pays. Avec, dans son viseur, les élections européennes en mai prochain, pendant lesquelles le parti espère bien créer la surprise. Décryptage avec Philippe Marlière, professeur de sciences politiques, spécialiste de la social-démocratie européenne et auteur de « La Gauche radicale en Europe » (éditions du Croquant, 2013).

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JOL Press : Les derniers sondages parus en Grèce donnent le parti de gauche radicale Syriza favori, et il pourrait, en cas de législatives anticipées, arriver au pouvoir. Comment expliquer la rapide ascension de ce parti ?
 

Philippe Marlière : C’est une ascension qui est effectivement assez spectaculaire et qui s’est faite sur un temps court. Jusqu’aux élections législatives de 2012, le parti Syriza était, en termes de voix et de représentation, moins important que les partis qui forment le Front de Gauche en France. Il stagnait dans les eaux d’une gauche radicale européenne en-dessous des 10%.

Une conjonction d’évènements extraordinaires peut expliquer l’ascension de Syriza depuis la perte des élections par le Pasok au pouvoir et l’arrivée de la Nouvelle démocratie – le parti de droite – d’Antonis Samaras: publication de l’état catastrophique des finances grecques, mise en œuvre de politiques d’austérité draconiennes, prêts consentis par la troïka (FMI, BCE, UE) pour pouvoir renflouer les caisses d’un État à la dérive… Cela fait près de quatre ans que ces politiques durent et les choses ne s’améliorent pas.

En dépit des mesures d’austérité, des privatisations et du gel des salaires, le taux de chômage atteint des sommets, les jeunes s’exilent et les hôpitaux ferment faute de médicaments. C’est dans ce contexte que le parti de gauche radicale a grimpé. Syriza est devenu une force crédible parce que le Pasok – l’équivalent du PS français –, qui avait tenté de gérer la crise, a été totalement discrédité auprès du peuple. Une frange de la classe moyenne, qui votait plutôt pour le parti socialiste, s’est ainsi complètement détournée du Pasok. Le parti Syriza a connu une première montée à 17% aux élections législatives anticipées en mai 2012, puis un nouveau bond de 10% un mois plus tard.

JOL Press : Quelles sont les grandes lignes du projet de Syriza pour la Grèce et pour l’Europe ?
 

Philippe Marlière : Le constat de Syriza en 2012 était le suivant : les politiques d’austérité mises en œuvre depuis trois ans ne fonctionnent pas et paupérisent le peuple, les économies du pays ne servent qu’à rembourser les intérêts de la dette, le déficit est toujours là, et la Grèce est renvoyée à un état « moyenâgeux ». Le parti a eu une position très ferme sur le memorandum de la dette, c’est-à-dire sur le calendrier des remboursements, qu’il considère comme inacceptable. Le parti propose donc, s’il arrive au pouvoir, d’arrêter de rembourser la dette et de renégocier ce memorandum. Cette position a été très populaire.

Maintenant qu’ils sont proches du pouvoir, que feraient-ils, et en particulier au niveau européen ? Pour le moment, la stratégie de Syriza est de garder ses cartes et de cacher un peu son jeu en laissant plusieurs options ouvertes. Il faut rappeler que Syriza, exactement comme le Front de Gauche en France, était à l’origine une coalition de plusieurs partis de gauche indépendants : des transfuges du Pasok, des sociaux-démocrates, mais aussi des petits partis beaucoup plus radicaux.

Le chef du parti Syriza, Alexis Tsipras, ne veut cependant pas affoler le public modéré ni les marchés en évoquant une possible sortie de l’euro voulue par certaines voix radicales du parti. Alexis Tsipras, qui fait la tournée des capitales européennes depuis un an, s’est d’ailleurs aussi rendu aux États-Unis, à Washington, où il a tenu un discours assez modéré. Une façon, pour ses critiques, de se faire accepter. Ce que fait Syriza, c’est de prendre la place autrefois occupée par le Pasok, en adoptant un positionnement social-démocrate de gauche. Ils doivent pouvoir attirer un électorat modéré tout en gardant sous leur aile les partis les plus à gauche.

JOL Press : Parmi les partis européens de gauche radicale, pour la plupart minoritaires dans leurs pays, le parti Syriza ferait donc exception ?

Philippe Marlière : Syriza est en effet le seul parti de gauche radicale en Europe qui soit si proche de prendre le pouvoir. Mais il ne faut pas négliger la montée d’une gauche radicale qui était beaucoup plus faible il y a une vingtaine d’années, notamment discréditée par la chute du bloc soviétique, et qui retrouve aujourd’hui une certaine force, avec des succès néanmoins différents.

Dans certains pays comme en Allemagne et en Italie, les partis radicaux de gauche ont connu quelques montées avant de redescendre. En France, on a plutôt une force qui se cristallise autour de 10% – certainement pas à la hauteur de ce qu’espérait Jean-Luc Mélenchon il y a deux ans, mais qui est tout de même présente. Si vous avez déjà un socle de 10%, en cas de coup dur, vous pouvez espérer passer à 15 ou 20%, comme l’a fait Syriza en 2012. C’est en tout cas le pari de Mélenchon, même si le PS résiste toujours. Dans le Nord de l’Europe, comme en Norvège ou en Suède, les partis de gauche radicale tournent aussi autour de 10%.

Ce sont des partis qui se sont bâtis à partir d’une matrice et d’un socle communistes traditionnels. Les partis communistes à bout de souffle ou en fin de course connaissent parfois une « seconde jeunesse » au sein des ces nouvelles coalitions de gauche radicale, ou en tout cas ont réussi à enrayer leur chute. Sur ces partis sont aussi venus se greffer les courants de gauche de la social-démocratie : Jean-Luc Mélenchon par exemple, est issu des rangs du PS, et dans le parti allemand Die Linke, une partie vient du SPD (comme son président Oskar Lafontaine).

Il peut également y avoir une composante verte : c’est surtout le cas dans les partis scandinaves, où l’on retrouve des « verts rouges », très à gauche sur les questions économiques, et qui défendent un écologisme très antiproductiviste et anticapitaliste. On peut enfin trouver des groupes féministes, des mouvements citoyens… Ces partis de coalition, qui bouillonnent depuis à peine dix ans, sont des nébuleuses qui prennent souvent appui sur du « vieux » pour créer du nouveau.

JOL Press : « Le 25 mai, nous serons la surprise », a déclaré Alexis Tsipras début février à Paris. Le rapprochement entre les leaders de la gauche radicale européenne pourrait-il faire émerger, lors des élections européennes, une véritable force de gauche radicale au Parlement européen ?
 

Philippe Marlière : Il y a actuellement 34 députés de la gauche radicale au Parlement européen, au sein du GUE/NGL [Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique], issus de 12 États membres et 17 partis politiques. D’après les premiers sondages et les premières projections, ce groupe pourrait espérer obtenir une vingtaine de sièges supplémentaires, ce qui le placerait en 3ème ou en 4ème position au Parlement. Il serait encore très loin du nombre de sièges des sociaux-démocrates. Quand Alexis Tsipras dit qu’ils « seront la surprise », il espère ainsi une percée électorale et en termes de sièges, mais ils ne pourront pas encore espérer rivaliser avec les sociaux-démocrates.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

————————————————

Philippe Marlière est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et sociales de l’Institut universitaire de Florence. Professeur de sciences politiques à l’University College de Londres, ses recherches portent sur le Front de gauche et la social-démocratie européenne. Il est notamment co-auteur de La Gauche radicale en Europe, Editions du Croquant, 2013 (en collaboration avec Jean-Numa Ducange et Louis Weber). Il tient également un blog sur Mediapart.

La Rédaction


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