L’audace du film réside dans sa logique insaisissable et son approche centrée sur un seul personnage, mais céder à cela ne génère que peu de puissance.
Ayant lancé une franchise de films d’invasion de domicile avec un concept simple où trois figures masquées terrorisent un couple en crise, le créateur de « The Strangers », Bryan Bertino, a su conserver son sens de l’écriture et de la réalisation, en développant d’autres œuvres d’horreur originales dénuées de sympathie. Son dernier projet montre un détachement audacieux qui lui est propre.
Intitulé de manière générique « Vicious », le film présente un cadre minimaliste — une jeune femme déprimée est tourmentée par des hallucinations — sans vraiment définir ce qui l’afflige ou pourquoi. Le réalisateur ne cherche pas à susciter la sympathie pour Polly (interprétée par Dakota Fanning) ni à donner un sens à sa souffrance. C’est une approche très brute de l’horreur, entièrement soutenue par l’exécution formelle. En d’autres termes, il prend le risque de laisser le public sur sa faim. Cela se réalise dans « Vicious », qui arrive sur le service de streaming de Paramount après avoir été retiré de la liste des sorties en salle du studio.
Bertino tire un moteur suffisant de la performance de Fanning, au moins. La scène d’ouverture présente son personnage illuminé par une lumière rouge, accompagnée d’un monologue narré, vaguement écrit mais délivré avec une pure désespérance, possiblement suicidaire. Il est clair qu’elle est rongée par quelque chose, et cette impression se renforce dans les scènes suivantes, où Polly, reclus pendant les fêtes, prépare à contrecœur un entretien d’embauche tout en rassurant sa mère inquiète au téléphone.
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Ces premiers moments sombres établissent une ambiance, mais le film semble impatient de mettre Polly à l’épreuve. « Vicious » accorde à sa protagoniste la même attention dévouée que les classiques d’horreur domestique de Roman Polanski, tels que « Réputation » et « Rosemary’s Baby », mais Bertino adopte une stratégie plus audacieuse. Plutôt que de plonger lentement dans la folie, le film atteint immédiatement des hallucinations à un niveau de fièvre et s’épuise rapidement en essayant de garder le rythme.
L’intrigue prend un tournant lorsque Polly reçoit une mystérieuse boîte d’une vieille femme envoûtante et à la voix rauque (Kathryn Hunter, la référence actuelle pour ce genre de rôle — et à juste titre). La boîte est accompagnée d’un sablier qui s’écoule et d’une série de défis vagues : donner à la boîte « quelque chose que vous détestez, quelque chose dont vous avez besoin, quelque chose que vous aimez ». C’est une instruction pleine de subtilités, obligeant Polly à déterrer ses traumatismes les plus personnels. Cela mène également à des parties de corps tranchées et à des étrangers au visage peu engageant, qui effraient Polly en lui tapotant l’épaule avant de disparaître.
Ces éléments sont décevants, des images d’horreur familières, mais « Vicious » s’appuie sur l’atmosphère pendant un certain temps avant cela. Une cheminée crépitante projette une lumière terne dans le salon de Polly, mais c’est la seule chaleur dans sa maison d’une immense superficie. La maison semble exister à l’extrémité de l’univers, au point qu’il est surprenant que Polly se précipite brièvement chez un voisin à la recherche d’un soutien. Mais lorsque cet inconnu finit par être possédé en quelques minutes, se poignardant au visage et forçant Polly à retourner au froid, on se dit que rien d’autre n’aurait eu plus de sens. Il n’y a pas de mains secourables quand tout le film se déroule peut-être dans l’esprit de quelqu’un.
Ce credo se réaffirme lorsque Polly commence à être hantée par des visions de ses proches. Bertino s’abstient strictement de développer son histoire personnelle — une limite auto-imposée qui empêche finalement le film de pénétrer profondément sous la peau, mais qui sert à souligner l’isolement de Polly. Un moment mémorable survient tôt dans le film, lorsque l’appel entre Polly et sa mère bascule dans l’angoisse, la voix au téléphone se transformant en un être plus indifférent et sinistre. C’est un stratagème que « Vicious » a l’intelligence de réutiliser, avec ses rares personnages secondaires offrant brièvement de la chaleur à Polly avant de se révéler comme des récipients pour le démon qui la tourmente. La performance tendue et nerveuse de Fanning s’illumine dans ces instants, la méfiance croissante de Polly et sa peur de la trahison révélant un auto-désamour blessé qui devient la meilleure impression durable du film.
Cependant, « Vicious » est principalement un parcours éprouvant. Fanning stagne lorsqu’elle est laissée seule en scène, tandis que Bertino la malmène comme une balle de flipper, multipliant les gros frissons qui semblent se réinitialiser sans cesse. Alors que Polly explore les recoins les plus sombres de son être, le film n’arrive pas à construire une montée en puissance qui corresponde à la profondeur de sa quête intérieure. Le film se dégrade en quelque chose d’imprécis et de désinvolte, sans éléments distincts pour le recentrer. Ce n’est pas un péché que la cruauté soit le but, surtout dans l’horreur. Mais il faut au moins que les coups portent.
« Vicious » est maintenant disponible en streaming sur Paramount+.
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Marc Lefebvre est un économiste et journaliste, expert en macroéconomie et marchés financiers mondiaux.