Selon le magazine polonais « Wprost », la guerre en Ukraine a sévèrement affecté l’économie russe, à tel point qu’elle pourrait s’effondrer d’ici 2025. Le manque de liquidités a contraint la Russie à réadopter les pratiques de troc des époques soviétiques dans ses transactions internationales, d’après ce journal conservateur.
Une image frappante du président russe Vladimir Poutine en costume délabré orne la couverture récente de Wprost, symbolisant la précarité financière de la Russie. Le rédacteur en chef du magazine, à travers un éditorial, argumente en faveur d’une imminente faillite économique du pays.
Les données optimistes publiées par les organismes officiels russes, qui pratiquent une comptabilité dite « créative », ne devraient pas être prises au sérieux, prévient Wprost. Le journal compare la situation actuelle à la chute cachée de l’Union soviétique, rappelant que la Banque centrale de Russie maintient des taux d’intérêt à 19% malgré une inflation officielle de seulement 9,1%.
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Le magazine souligne aussi que Gazprom, le géant gazier russe, a perdu jusqu’à 6 milliards de dollars (environ 5,5 milliards d’euros) en 2023. De plus, l’extraction de charbon a diminué de 27%, et les exportations d’armes, autrefois source importante de devises, sont désormais presque intégralement destinées au conflit ukrainien.
Du riz contre des lentilles
Face à une pénurie de liquidités et à l’épuisement de ses réserves de devises, la Russie se voit forcée de privilégier le troc dans ses échanges internationaux. Un exemple récent est le Forum Pakistan-Russie sur le commerce et l’investissement, qui a inauguré ce retour aux anciennes méthodes soviétiques.
Les accords conclus entre les deux nations portent sur « l’échange de produits agricoles ». Les entreprises pakistanaises exporteront « des mandarines, du riz et des pommes de terre », tandis que la Russie fournira « des pois et des lentilles », selon le rapport. Cependant, la Chine, à l’inverse, refuse ces trocs, préférant maintenir des « accords commerciaux en yuans à des taux désavantageux pour Moscou ».
« L’économiste suédois Anders Aslund, spécialiste de l’économie post-soviétique et ancien conseiller en Russie et en Ukraine, évalue les ressources actuelles de la Russie à 55 milliards de dollars (environ 51 milliards d’euros) », ajoute le magazine, notant que :
« C’est très peu, considérant que les intérêts liés au déficit budgétaire, officiellement à 2% du PIB, s’élèvent à environ 40 milliards de dollars (37 milliards d’euros) par an ».
Wprost prédit que d’ici « la fin de l’année prochaine, la Russie n’aura pas seulement épuisé ses fonds pour ses ambitions en Ukraine, mais aussi pour répondre à ses besoins budgétaires courants ».
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Contrairement à Kiev, le Kremlin ne peut espérer de soutien financier extérieur significatif. Seule la cessation des hostilités pourrait donc sauver l’économie russe. Le journal conclut en exprimant l’espoir que « les idiots utiles en Occident ne sauveront pas le régime [de Poutine] en engageant des discussions avec Moscou ».
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.