Interruption de la Diffusion d’Al-Jazeera en Cisjordanie
Le 1er janvier, un comité ministériel mis en place par l’Autorité Palestinienne, qui exerce un contrôle partiel sur la Cisjordanie occupée par Israël, a décidé de « suspendre la diffusion et de geler toutes les activités » de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera dans l’ensemble des territoires palestiniens, incluant son bureau principal situé à Ramallah.
Selon le quotidien palestinien Al-Quds, cette mesure a été prise en réaction à la persistance d’Al-Jazeera à publier des contenus jugés problématiques, notamment accusés de « désinformation, d’incitation à la sédition et d’ingérence dans les affaires internes palestiniennes ».
Réactions face à la couverture médiatique de Jénine
Cette mesure fait écho à une vaste opération de sécurité menée par les forces de l’Autorité Palestinienne, sous la direction du président Mahmoud Abbas, contre des factions armées affiliées au Hamas dans le camp de réfugiés de Jénine, qui a déjà causé la mort de plusieurs personnes. Le Hamas, ainsi que d’autres groupes, ont fréquemment accusé le Fatah et l’Autorité Palestinienne de collaborer avec Israël.
La veille de cette annonce, l’union des journalistes palestiniens avait exprimé son mécontentement vis-à-vis de la couverture d’Al-Jazeera, qualifiant celle-ci de « non objective », avec des propos « incendiaires » et des reportages « trompeurs […] incitant à des conflits internes », selon les termes rapportés par le journal Al-Hayat Al-Jadida, considéré comme proche de l’Autorité Palestinienne.
Face à ces critiques, Al-Jazeera avait précédemment réfuté les allégations de partialité, affirmant subir une « campagne d’intimidation » menée par le Fatah, tout en défendant l’équilibre de sa couverture médiatique, donnant la parole tant aux « résistants » — c’est-à-dire aux groupes armés pro-Hamas — qu’aux officiels de l’Autorité Palestinienne.
Le 2 janvier, Al-Jazeera a réagi à la suspension de ses activités en la qualifiant de « tentative de masquer la réalité sur le terrain ». La chaîne a également comparé cette décision aux « pratiques de l’occupation israélienne contre ses équipes » et l’a mise en parallèle avec les actions du gouvernement israélien, qui avait fermé son bureau à Ramallah en mai. À cette époque, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou avait accusé Al-Jazeera d’agir comme un « porte-parole du Hamas » durant le conflit dans la bande de Gaza.
Répercussions Médiatiques et Politiques
Al Jazeera a publiquement déploré la décision de l’Autorité Palestinienne de fermer son bureau en Cisjordanie, la considérant alignée sur les actions de l’occupation contre son personnel. Cette controverse met en lumière les tensions persistantes non seulement entre les factions palestiniennes mais aussi avec les politiques médiatiques et de gouvernance en jeu dans la région.
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.