Lors du troisième jour de leur offensive inattendue contre les troupes syriennes, des groupes rebelles ont fait leur entrée à Alep, la deuxième plus grande ville de Syrie, ce vendredi, pour la première fois depuis 2016.
“Après seulement trois jours d’affrontements et face à l’effondrement des défenses du régime syrien, le groupe salafiste Hay’at Tahrir Al-Cham (HTS) accompagné d’autres factions rebelles a réussi à s’introduire à Alep”, a indiqué El País vendredi.
“Cela marque la première fois que des opposants au gouvernement de Bachar El-Assad pénètrent dans cette métropole syrienne depuis la fin de l’évacuation des derniers fiefs rebelles d’Alep en décembre 2016”, a souligné le journal espagnol, après l’intervention de la Russie dans le conflit syrien pour soutenir le régime.
Selon The Guardian, qui se réfère à l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) – une source basée au Royaume-Uni et très informée – “les jihadistes et leurs alliés ont pris le contrôle” de “la moitié de la ville d’Alep”, en l’absence de résistance de l’armée syrienne.
“Il n’y a eu aucun affrontement, ni un seul coup de feu tiré, alors que les forces du régime battaient en retraite”, a confirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH. “Les autorités syriennes ont fermé l’aéroport d’Alep ainsi que toutes les routes menant à la ville”, ajoute le quotidien britannique.
Portraits de Bachar El-Assad arrachés
L’Orient-Le Jour rapporte que “des images de combattants armés faisant leur entrée triomphale dans les principales avenues de la deuxième ville de Syrie ont été rapidement diffusées”, tandis que “des photos de portraits du président syrien Bachar el-Assad arrachés” circulaient sur les réseaux sociaux.
Le journal libanais partage également les réactions d’“habitants d’Alep opposés au régime, soit déplacés à l’intérieur du pays ou en exil”, pour qui “ce renversement a suscité une grande euphorie”.
“Les rebelles sont arrivés à Alep, Dieu soit loué. C’est la ville où je suis né, d’où j’ai été déplacé. C’est là que j’ai frôlé la mort, vécu mes jours les plus joyeux et les plus sombres”, a partagé dans un message audio Abdelkafi Al-Hamdo, “un enseignant d’anglais qui avait été contraint de quitter Alep après sa prise par les forces loyalistes et qui résidait depuis dans la province d’Idlib”, un fief rebelle.
Le nord de la Syrie a connu une période de calme relatif ces dernières années, depuis le cessez-le-feu établi en mars 2020 entre les rebelles et le régime de Bachar El-Assad, sous les auspices de la Russie et de la Turquie.
Depuis leur départ de la région d’Idlib, mercredi à l’aube, les rebelles ont pris le contrôle “d’une cinquantaine de localités ainsi que d’un segment de l’autoroute stratégique M5”, qui relie Damas à Alep, note Middle East Eye. Cette offensive représente “le plus grand revers subi par Bachar El-Assad depuis des années”, estime le site.
Bombardements russes
“Les événements de ces trois derniers jours – capturés en vidéos et images partagées par les rebelles et les médias syriens – rappellent curieusement les premiers jours de la guerre civile” en 2011, observe New York Times. “Comme par le passé, les rebelles affirment avoir pris le contrôle de plusieurs villes, quartiers, bases militaires et armements, tout en incitant les soldats du gouvernement à déserter et à les rejoindre”.
Le président syrien a tenté de réagir et “des avions de guerre russes et syriens ont bombardé jeudi des zones contrôlées par les rebelles dans le nord-ouest de la Syrie, près de la frontière avec la Turquie, dans le but de repousser l’offensive”, rapporte Al-Jazeera. Mais cela n’a pas suffi à ralentir l’avancée des rebelles vers Alep.
Durant leur progression, “les rebelles se sont emparés de dizaines de chars, de véhicules blindés et d’armes d’artillerie laissés par l’armée en déroute, créant un effet d’entraînement qui les rend de plus en plus équipés à mesure qu’ils avancent”, explique El País.
Pour Axios, le timing de cette offensive n’est probablement pas un hasard. “Les rebelles ont lancé cette attaque alors que le Hezbollah, l’Iran et la Russie, qui ont tous soutenu Assad pour reprendre Alep en 2016, sont affaiblis et épuisés par d’autres conflits au Liban et en Ukraine”, analyse le site.
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.