Lors de son discours majeur, prononcé pour la première fois depuis son entrée en fonction en octobre, le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a insisté le 12 décembre auprès des nations membres pour qu’elles reviennent à des niveaux de dépenses militaires comparables à ceux observés durant la guerre froide, rapporte le média de Bruxelles Politico.

Avec une menace russe en escalade, « il est crucial d’adopter une mentalité de temps de guerre », a-t-il déclaré avec sérieux. « Le péril se précipite vers nous », a-t-il ajouté, en jugeant que l’Europe n’était pas prête à affronter un conflit armé avec Moscou.

Analyse. La capacité de l’Otan face à une potentielle invasion russe.

En 2023, les membres de l’Alliance ont convenu de consacrer 2 % de leur PIB aux dépenses militaires. Toutefois, seulement 23 pays ont atteint cette cible.

Au Royaume-Uni, le gouvernement a promis d’augmenter le budget de la défense à 2,5 %, note le Financial Times. Mais « les experts reconnaissent que même cette augmentation ne serait pas suffisante pour moderniser l’armée britannique, maintenir ses capacités essentielles, notamment pour la dissuasion nucléaire, et s’aligner sur les stratégies révisées de l’Otan », selon le journal.

Certains états membres de l’Otan discutent de la possibilité de relever le seuil à 3 %, mais les opinions restent partagées et aucune décision formelle n’a été prise.

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Trump accentue la pression sur l’Europe

Depuis sa récente victoire à l’élection présidentielle américaine, Donald Trump continue d’influencer la dynamique au sein de l’Otan, indique la BBC. Trump avait annoncé en février qu’il « encouragerait » la Russie à attaquer tout pays de l’Otan qui ne respecterait pas ses engagements financiers au sein de l’Alliance atlantique. « Avec le probable retour de Trump à la présidence, Rutte espère que les États-Unis resteront engagés envers l’Otan et la défense de l’Europe », ajoute le média britannique.

Géopolitique. L’influence persistante de Donald Trump lors du dernier sommet de l’Otan.

Les pays européens sont préoccupés par cette pression venant des États-Unis. Le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a exprimé lundi dernier que le retour de Trump pourrait intensifier la pression sur l’Italie pour augmenter ses dépenses de défense, rapporte le Financial Times. « Il ne s’agira pas seulement de 2 %. Nous pourrions parler de 2,5 %, voire de 3 %, selon les exigences de l’Otan », a-t-il précisé.

Dans une interview accordée à la BBC jeudi, Mark Rutte n’a pas hésité à affirmer que « Donald Trump avait absolument raison de nous pousser à dépenser plus lors de son premier mandat ». « Ce commentaire vise encore une fois à complimenter » le président américain, estime la BBC. Le média rappelle également que Rutte est parfois surnommé « l’homme qui murmure à l’oreille de Trump » : en 2018, il avait réussi à convaincre le président américain de ne pas quitter l’Otan pour des raisons budgétaires.