Il pourrait sembler surprenant de penser qu’une entité aussi bureaucratique que la Commission européenne puisse être secouée par un bouleversement géopolitique assez fort pour ébranler fenêtres et planchers. Pourtant, c’est exactement ce qui s’est produit lorsque la Russie a envahi l’Ukraine en 2022.

Cette invasion ne représentait pas seulement une attaque militaire contre une nation européenne, mais aussi un réveil brutal pour de nombreux pays européens quant à leur dépendance envers le pétrole et le gaz russes. La crainte était grande que Poutine ne décide de couper l’approvisionnement, paralysant ainsi des milliers d’entreprises à travers l’Europe et laissant des millions de foyers sans chauffage.

Heureusement, peu après l’invasion, il est apparu que l’Europe pouvait survivre sans dépendre de la Russie. L’Europe a donc échappé au pire, du moins pour le moment. Toutefois, la leçon que Bruxelles a tirée de cet événement est que l’Europe ne doit plus jamais se retrouver à la merci de dictateurs ou d’autocrates.

Toutefois, le risque de dépendance n’est pas écarté, car il ne concerne pas seulement le pétrole et le gaz, mais aussi des éléments tels que le cuivre, le lithium et le magnésium.

Actuellement, la Chine domine largement la production mondiale de ces minerais et métaux, essentiels pour l’Europe future dans la production d’éoliennes, de voitures électriques, mais également de téléphones portables, d’ordinateurs et de systèmes d’armement.

Le Groenland, un acteur majeur

La Commission européenne porte désormais une attention particulière au Groenland [un territoire autonome qui fait partie du royaume du Danemark, membre de l’Union européenne], dont le sous-sol contient au moins 25 des 34 minerais et métaux – également désignés comme matières premières – que l’Union européenne juge cruciaux pour son développement technologique.

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En mars de l’année précédente, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, s’est rendue à Nuuk, la capitale, pour inaugurer le premier bureau de l’UE au Groenland. Mi-septembre, c’était au tour de Jutta Urpilainen, commissaire européenne aux partenariats internationaux, de voyager de Bruxelles à Nuuk. Ces jours-ci, la Commission européenne organise une visite importante au Groenland pour une délégation d’entreprises et d’institutions financières européennes.

La Commission espère que ces entreprises pourront s’associer avec le gouvernement groenlandais afin d’initier des projets d’extraction minière pour sécuriser les précieuses ressources du sous-sol groenlandais, réduisant ainsi la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Chine. « Le Groenland représente une sorte de superpuissance en matière de matières premières critiques », indique Jutta Urpilainen, que Politiken a interviewée lors de son séjour à Nuuk.

« Un territoire immense »

Il est clair que l’UE a besoin du Groenland, mais il semble que le Groenland ait également besoin de l’UE. Il apparaît que l’Union européenne ne se heurte à aucune résistance majeure. Erik Jensen, responsable des finances et des affaires fiscales du gouvernement groenlandais, a souligné lors d’une entrevue avec Polit