Depuis plus d’un an, le président syrien est resté particulièrement discret, cherchant à naviguer un équilibre précaire et complexe entre les Iraniens, les Russes et les pays du Golfe. Il s’efforce avant tout d’éviter d’être impliqué dans le conflit en cours, par crainte de devenir la prochaine cible d’Israël, comme l’explique une journaliste libanaise.
Bien que les frappes attribuées à Israël en Syrie ne soient pas un phénomène nouveau, elles ont pris une cadence presque quotidienne depuis le début du conflit à Gaza le 7 octobre 2023. Ces attaques semblent envoyer un avertissement de plus en plus urgent au gouvernement de Damas, plus que jamais auparavant.
“Depuis des années, Israël communique le message suivant à Assad : ‘Si tu agis, tu es fini.’ Assad s’est contenté de suivre cette directive”, a indiqué Thomas Pierret, chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabe et musulman, faisant référence au fait que le régime syrien est le seul membre de l’“axe de la résistance” dirigé par l’Iran à rester en dehors du conflit à Gaza.
Peu après les attaques du Hamas, l’État israélien a renouvelé ce message, avec des avertissements relayés à Bachar El-Assad par des intermédiaires russes et émiratis, le pressant de ne pas participer aux combats pour éviter l’anéantissement de son régime.
“Rôle de connecteur”
Toutefois, alors qu’Israël a intensifié sa guerre au Liban le 23 septembre et infligé des coups significatifs au Hezbollah, dernier bastion de la République islamique en cas de menace directe à sa survie, Bachar El-Assad pourrait se retrouver impliqué malgré lui dans le conflit et devenir ainsi la prochaine cible de l’État hébreu.
Depuis le début de la révolte populaire syrienne en 2011, réprimée violemment par le régime Assad, la Syrie a servi de base arrière pour l’Iran et son bras armé libanais, venus soutenir le pouvoir à Damas pour garantir sa pérennité.
Alors qu’Israël aspire à établir un nouvel ordre régional, son ambition nécessiterait également d’étendre son influence, non seulement au Liban mais aussi en Irak et en Syrie, zones stratégiques du “croissant chiite” élaboré par la République islamique.
Inclus dans l’“axe de la résistance”, Damas joue principalement le rôle de passage pour le transfert d’armes vers le Liban à partir de son territoire. “Son rôle est plus celui d’un connecteur et d’un facilitateur plutôt que celui d’un combattant de première ligne, à l’instar du Hezbollah et de certains autres acteurs non étatiques,” ajoute le chercheur.
Articles similaires
- Syrie : Au cœur de l’empire du Captagon du clan Assad en images
- Vidéo décryptée : Pourquoi Israël intervient militairement en Syrie
- Choc en Syrie : les rebelles renversent le régime d’Assad !
- La traque continue : comment le Liban aide à démanteler l’ancien régime syrien
- Iran : Changement de ton sur la Syrie après la chute d’Assad

Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.