Le Nigeria et l’Afrique du Sud ont été les destinations inaugurales de la première tournée africaine de David Lammy, débutée ce dimanche 3 novembre. En choisissant ces deux puissances anglophones, qui furent autrefois sous la coupe de l’empire colonial britannique, le ministre britannique des Affaires étrangères met en avant ces liens historiques.

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Un communiqué du gouvernement britannique indique que cette visite vise à initier une “nouvelle approche” envers l’Afrique, comprenant notamment le début d’un processus consultatif de cinq mois pour s’assurer que le respect mutuel et le partenariat sont au centre des relations renouvelées entre le Royaume-Uni et l’Afrique. Cette démarche marque un tournant par rapport aux récentes années durant lesquelles l’Afrique semblait absente des priorités britanniques sur la scène internationale. Le parti travailliste au pouvoir compte désormais donner la priorité à l’approfondissement des relations avec le Sud global, comme le souligne le Mail & Guardian à Johannesburg.

Lors de sa visite à Pretoria le mardi 5 novembre, David Lammy a soutenu la proposition sud-africaine selon laquelle le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait inclure une représentation permanente africaine, rapporte le Daily Maverick.

Combler le manque d’engagement britannique

Le soutien de Lammy sera-t-il suffisant pour rattraper le temps perdu ? Le Royaume-Uni est en retard en termes de présence sur le continent africain, un retard que le pays cherche à rattraper à un moment où, selon Politics Home, l’Afrique deviendra cruciale dans les prochaines années. Le Fonds monétaire international prévoit que la majorité des nouveaux travailleurs contribuant à la croissance de la main-d’œuvre mondiale durant la prochaine décennie seront africains. De plus, le continent est riche en ressources naturelles telles que l’énergie solaire et éolienne, les minéraux essentiels et les terres arables.

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David Lammy réalise son voyage dans un contexte politique et géopolitique africain profondément transformé. Comme le souligne BBC Africa, les dynamiques entre les nations africaines et les autres grandes puissances ont considérablement évolué. La Chine est désormais le premier partenaire commercial de nombreux pays africains, tandis que la Russie a renforcé sa présence, notamment en apportant un soutien militaire à plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest confrontés à des insurrections armées. Parallèlement, d’autres acteurs comme les pays riches du Golfe ou la Turquie ont aussi étendu leur influence sur le continent à travers de nombreux accords commerciaux et militaires.

En contraste, les relations entre le Royaume-Uni et l’Afrique ont été “relativement ternes”, analyse Alex Vines, à la tête du programme Afrique à Chatham House, un think tank basé à Londres. Cependant, le Royaume-Uni détient toujours un atout majeur en Afrique grâce au Commonwealth. Presque toutes les anciennes colonies britanniques sont membres de cette organisation intergouvernementale, qui attire même des pays africains sans lien historique direct avec le Royaume-Uni, tels que le Rwanda, le Togo et le Gabon, l’Angola ayant également soumis une demande d’adhésion.

La question délicate des réparations

Bien que la visite de David Lammy soit placée sous de bons auspices, elle pourrait également raviver et accentuer la question des réparations pour le passé colonial et esclavagiste de l’Empire britannique.

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Dans un article distinct, BBC Africa rappelle que le Royaume-Uni n’a jamais officiellement présenté d’excuses pour son rôle dans la traite des esclaves. La seule reconnaissance a été exprimée, assez timidement, par Tony Blair en 2007. L’ancien Premier ministre travailliste avait alors déclaré : “En effet, je l’ai dit : nous sommes désolés. Et je le réaffirme aujourd’hui.”

La question des réparations a été fortement remise sur le devant de la scène lors du dernier sommet du Commonwealth fin octobre, mais le sujet avait été éludé par Londres à ce moment-là.

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