Emploi de Technologie Militaire Française au Soudan
Selon Amnesty International, les Forces de soutien rapide utiliseraient une technologie militaire française dans le conflit les opposant à l’armée soudanaise.
“Des technologies militaires françaises montées sur des véhicules blindés émiratis sont employées sur les lignes de front au Soudan,” rapporte Amnesty International dans une déclaration récente datée du 14 novembre. Le Soudan est en proie à un conflit violent depuis avril 2023, opposant l’armée nationale à un groupe paramilitaire, les Forces de soutien rapide (RSF).
D’après le média anglophone Sudan Tribune, ces véhicules blindés de transport, appelés “Nimr Ajban”, sont équipés du système Galix, conçu par Lacroix Defense en partenariat avec Nexter, désormais appelé KNDS France. Ce système est utilisé pour contrer les attaques rapprochées grâce à l’émission de leurres, de fumée et de projectiles.
La possibilité d’une scission du Soudan en deux entités politiques distinctes, sur le modèle de la Libye voisine, est de plus en plus envisagée, souligne Tama Media.
Une récente conférence s’est tenue à Addis-Abeba du 10 au 15 juillet, sous l’égide de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), réunissant 47 acteurs politiques et de la société civile, majoritairement partisans de l’armée soudanaise.
Cette réunion traduit les préoccupations de l’Afrique face à une crise qui attire des enjeux géopolitiques complexes. The New Arab rapporte que le général Al-Burhan a plusieurs fois accusé les Émirats arabes unis d’exacerber le conflit en armant les RSF, avec des preuves à l’appui selon le gouvernement soudanais.
Malgré le rejet de ces accusations par les Émirats, les qualifiant de “absurdes” et “infondées”, elles persistent. The New Arab mentionne que les opérations commerciales et logistiques des RSF se déroulent en partie depuis les Émirats, et que des combattants blessés ont été évacués vers Abou Dhabi.
Des analystes, cités par le même média, considèrent que le Soudan est stratégique pour les ambitions africaines des Émirats, qui, en soutenant Hemeti, influent indirectement sur d’autres conflits régionaux, comme au Yémen et en Libye.
Amnesty International a examiné des images diffusées sur les réseaux sociaux montrant des véhicules blindés Nimr Ajban détruits ou capturés avec le système Galix, déployés par les RSF, soutenus par les Émirats arabes unis.
Il est à noter que l’ONU a imposé un embargo sur les armes à destination du Darfour, et l’Union européenne maintient également un embargo sur les armes au Soudan depuis 1994.
Un bilan humain bien plus lourd que prévu
Le rapport survient alors que le conflit soudanais s’aggrave. La BBC rapporte que le nombre de victimes est considérablement plus élevé que les estimations précédentes. Une étude menée par la London School of Hygiene and Tropical Medicine estime à plus de 61 000 le nombre de morts dans l’État de Khartoum, dont environ 26 000 directement dues aux violences. Jusqu’ici, l’ONU et divers organismes humanitaires comptaient 20 000 morts confirmés pour tout le pays.
Depuis fin septembre, Khartoum est le théâtre d’affrontements violents entre les deux forces rivales. Le 26 septembre, l’armée soudanaise a initié une vaste offensive terrestre, appuyée par des frappes aériennes et de l’artillerie, visant à reprendre la ville, aux mains des RSF.
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.