Des soldats colombiens rapportent avoir été recrutés pour assurer la sécurité des sites pétroliers aux Émirats Arabes Unis, mais auraient finalement été envoyés dans un pays africain en proie à une violente guerre civile depuis plus d’un an.
Une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux en Colombie montre un combattant soudanais présentant la carte d’identité d’un mercenaire colombien présumé décédé au combat. « Est-ce des juifs ? » interroge-t-il en pointant du doigt l’image d’une icône religieuse trouvée parmi les papiers d’identité du défunt. Il semble perplexe quant aux raisons qui ont pu pousser cet homme à venir perdre la vie si loin de son pays natal.
بس انا داير اعرف ! »
الجوازات كلها مرتزقة من كولومبيا!!
السؤال دويلة الامارات دي دايرة شنو من السودان لدرجة تجند مرتزقة من امريكا اللاتينية !!
يا اخوانا يا ايها الشعب السودانى اقسم بالله المؤامرة كبيرة وكبيرة خالص ،،
وشكرانيين ،،#الدعم_السريع_منظمة_ارهابية… pic.twitter.com/9Aj1m4lTaG— YASIN AHMED (@yasin123ah) November 21, 2024
Cette situation ne serait pas un cas isolé. D’après une investigation réalisée par le média La Silla Vacía, environ 300 mercenaires colombiens soutiendraient les troupes des Forces de soutien rapide (FSR) contre l’armée soudanaise (FAS) dans un conflit qui a déjà fait plus de 61 000 morts et déplacé plus de 11 millions de personnes depuis avril 2023.
Ces individus seraient impliqués dans une opération internationale destinée à renforcer les FSR avec l’aide de 1 500 à 1 800 mercenaires colombiens, transférés sur le sol soudanais depuis la Libye. Ils auraient été initialement engagés par une société nommée A4SI pour protéger des infrastructures pétrolières aux Émirats Arabes Unis, avec un salaire mensuel variant entre 2 600 et 3 400 dollars (de 2 400 à 3 200 euros). « Mais cela s’est révélé être un mensonge », confie l’un des quatre témoins interrogés par La Silla Vacía. « Je souhaite rentrer chez moi, mais nous sommes impuissants », ajoute un autre.
Des mercenaires chevronnés
Sur ces hommes, au moins quarante n’ont pas été autorisés à retourner en Colombie. « Nous sommes retenus contre notre volonté », déclare l’un des mercenaires dans un enregistrement audio récupéré par le média colombien. « C’est de l’exploitation humaine, on nous recrute pour un but et on nous envoie ailleurs pour faire tout autre chose. »
Le président colombien, Gustavo Petro, alerté par cette situation, a exigé « l’interdiction du mercenariat en Colombie » et la sanction de ceux qui en font la promotion, selon le journal El Espectador.
Originaires d’un pays confronté à un conflit armé depuis soixante ans, les mercenaires colombiens sont très demandés à l’international. Ils ont notamment participé à l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, rappelle La Silla Vacía. Le ministre des Relations extérieures colombien, cité par Infobae, mentionne que pas moins de 500 mercenaires colombiens auraient combattu en Ukraine, entraînant la mort d’environ 310 d’entre eux.
Articles similaires
- Crise au Soudan : le rôle trouble et destructeur des Émirats arabes unis
- Embargo violé? Armes françaises repérées au Soudan!
- Assassinat d’un rabbin aux Émirats : l’Iran impliqué ?
- Géopolitique: Amour et Raison entre la Syrie post-Assad et les Monarchies du Golfe
- Liban, ouragan Hélène, Colombie, Nigeria : Actualités nocturnes essentielles
Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.