Mardi, lors de son ultime allocution à l’Assemblée générale des Nations unies, le président américain a capté l’attention en annonçant son retrait de la vie politique, un geste salué par l’auditoire. Cependant, les médias internationaux ont critiqué le manque de profondeur et de fermeté de ses commentaires sur la situation explosive au Moyen-Orient.
Durant son discours « de justement plus de vingt minutes » à l’Assemblée générale des Nations unies, Joe Biden a su allier « anecdotes personnelles, obligations politiques et une défense acharnée de la démocratie », selon The New York Times.
Intervenant pour la dernière fois en tant que président devant l’Organisation des Nations unies (ONU), il a « repassé en revue son parcours politique depuis son élection au Sénat en 1972 à l’âge de 29 ans, jusqu’à sa récente décision ‘difficile’ de ne pas briguer un nouveau mandat – une décision qu’il a mise en avant comme un exemple pour les autres dirigeants mondiaux », rapporte le quotidien.
« Chers collègues, rappelons-nous toujours : il y a des choses plus essentielles que le maintien au pouvoir », a-t-il déclaré, adoptant une position de « vieux sage » qui lui a valu de nombreux applaudissements, note Le Temps. Toutefois, le reste de son discours a semblé manquer de conviction.
“Élégie diplomatique”
Le président américain « a saisi l’occasion de son dernier discours devant l’Assemblée générale pour louer les mérites de la démocratie, espérant ainsi redorer son image et renforcer le leadership américain à l’international », analyse CNN.
Cependant, il n’a abordé que « brièvement le sujet du Liban » et « n’a pas proposé de solutions concrètes pour répondre à l’escalade de la crise au Moyen-Orient, alors que le Hezbollah et Israël » sont au seuil d’une guerre totale et que « des attaques transfrontalières violentes ont fait des centaines de victimes », regrette la chaîne américaine.
« Son discours était plus centré sur les émotions et l’ambiance, une sorte d’élégie diplomatique, plutôt qu’un guide politique concret pour l’avenir » au Moyen-Orient, confirme The Guardian.
En effet, le président s’est limité à des généralités : « une guerre à grande échelle ne sert l’intérêt de personne », a-t-il affirmé, soulignant qu’une « solution diplomatique est toujours envisageable » et réitérant son appel à mettre fin au conflit à Gaza.
“Grimaces d’étonnement”
Mais « les appels de Biden à la modération prononcés depuis la tribune de l’ONU, ainsi que ses appels à Israël et au Hamas pour qu’ils parviennent enfin à un cessez-le-feu et à un accord pour la libération des otages, résonnent dans les couloirs [de l’organisation] mais pas dans la région », commente la BBC, soulignant que le Moyen-Orient est « au bord du précipice ».
El País critique un discours « fade », où « Gaza, et par extension le Liban, [ne figurent] qu’en troisième position sur la liste des priorités évoquées par Biden, derrière l’Ukraine – le président Volodymyr Zelensky étant présent – et la concurrence commerciale ».
L’« optimisme » qui a marqué tout son discours a « provoqué des grimaces d’étonnement chez les représentants palestiniens, présents pour la première fois en tant qu’État observateur lors d’une session plénière, ainsi que chez certains diplomates arabes, notamment de la délégation libanaise », note le journal de Madrid.
Symbole d’“impuissance”
Il s’agissait d’un final « plutôt timide pour un leader qui débordait de confiance durant sa campagne électorale il y a quatre ans », estime The Washington Post. « Biden avait promis de ‘restaurer’ pleinement le leadership des États-Unis à l’échelle mondiale après les tensions et les inquiétudes provoquées par l’ultranationalisme de l’ancien président Donald Trump. »
Mais le journal de la capitale considère aussi que l’« optimisme habituel » du président « contraste avec les frustrations et la morosité qui prévalent » à l’ONU.
Pour Le Temps, le discours de Joe Biden symbolise surtout « l’inefficacité américaine au Proche-Orient ». Certes, « malgré les tribulations du monde, il reste cet optimiste éternel qui a commencé sa carrière politique pendant la guerre du Vietnam, à une époque où son pays était encore plus divisé qu’aujourd’hui ».
« Mais la méthode Coué de la Maison-Blanche atteint ses limites avec l’escalade du conflit entre Israël et le Hezbollah au Liban, conclut le journal suisse. Près d’un an après le début de la guerre à Gaza, l’administration démocrate assiste à son pire cauchemar : l’extension de ce conflit que la diplomatie américaine s’efforce de limiter à la mince enclave palestinienne, constamment bombardée par Israël depuis le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre. »
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.