La tension a encore grimpé d’un cran mardi entre Paris et Tel-Aviv : Emmanuel Macron a rappelé au Premier ministre israélien l’importance de respecter les décisions de l’ONU, soulignant que l’existence de l’État hébreu était fondée sur une résolution de cette organisation. Cette remarque a suscité l’irritation du leader israélien.
La situation entre Paris et Tel-Aviv s’est intensifiée mardi 15 octobre. Les frictions entre les deux nations ont commencé à s’aggraver après que le Président français, Emmanuel Macron, ait proposé le 5 octobre de stopper les livraisons d’armes à Israël en raison du conflit à Gaza. Lors d’un échange récent, le Premier ministre israélien et le président français ont échangé des critiques concernant le rôle de l’ONU dans la fondation de l’État d’Israël, selon le Times of Israel.
« Monsieur Nétanyahou ne doit pas oublier que son pays a été établi grâce à une résolution de l’ONU », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une réunion du Conseil des ministres, d’après des témoignages de participants. La discussion portait sur le conflit à Gaza et au Liban. « Et donc, ce n’est pas le moment de négliger les décisions de l’ONU », a-t-il ajouté, s’adressant indirectement au Premier ministre israélien, avant de lui parler plus tard par téléphone.
Benyamin Nétanyahou a « été vexé par ces commentaires », selon Fox News, et a réagi fermement à Emmanuel Macron. « Ce n’est pas la résolution de l’ONU qui a créé l’État d’Israël, mais plutôt la victoire dans la guerre d’indépendance, grâce au courage de combattants héroïques, y compris des survivants de l’Holocauste – certains provenant du régime de Vichy en France », a-t-il rétorqué dans un communiqué.
Ce nouvel échange de propos survient alors que Paris insiste fortement pour un cessez-le-feu à la fois à Gaza et au Liban. Le gouvernement français a critiqué les tirs israéliens qu’il considère « intentionnels » contre les positions des Casques bleus de la FINUL dans le sud du Liban, où plusieurs ont été blessés. La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU stipule que seules l’armée libanaise et les Casques bleus doivent être déployés dans cette région, et demande également l’arrêt des hostilités des deux côtés de la frontière.
Mais le Premier ministre israélien a affirmé que le Hezbollah utilisait « les installations et les positions de la FINUL comme camouflage pour lancer ses attaques » contre Israël. Mardi, lors de sa conversation avec le président français, il s’est dit opposé à un « cessez-le-feu unilatéral, qui ne modifierait pas la situation de sécurité au Liban » et qui « ne préviendrait pas le Hezbollah de se réarmer et de se regrouper » dans le sud du pays, selon lui.
“État voyou”
Dans un article publié sur le site du Guardian, le journaliste britannique Mehdi Hasan affirme que l’État hébreu a « déclaré la guerre aux Nations unies » ces derniers mois, enfreignant de nombreuses règles, et qu’en conséquence, Israël devrait être « expulsé » de l’organisation, ou au moins voir sa participation à l’Assemblée générale suspendue. Il suggère que cette action enverrait le message que « l’autorité des Nations unies est toujours pertinente, tout comme la vie du personnel de l’ONU, et qu’un État voyou ne peut pas déclarer la guerre aux Nations unies et continuer à s’en sortir sans conséquences », écrit-il.
Le gouvernement israélien prétend que « les Nations unies, et particulièrement l’Assemblée générale, sont inefficaces […] et empreintes d’antisémitisme », mais Israël doit son existence à une résolution de cette même Assemblée, rappelle le journaliste. « La Déclaration d’indépendance de 1948 mentionne sept fois les Nations unies, toujours de manière très positive et reconnaissante », note Mehdi Hasan.
“Il faut être deux pour arrêter une guerre totale”
« Israël n’est certes pas le seul – ni le premier – à avoir provoqué une escalade au Moyen-Orient », tempère la journaliste de Ha’Aretz Dahlia Scheindlin, rappelant que « en août et en septembre, le Hezbollah a lancé un nombre record de roquettes sur des communautés civiles israéliennes sur son territoire souverain ».
« Israël est sous pression » de la communauté internationale, « mais qui fait pression sur l’Iran » et ses alliés « pour qu’ils cessent leurs hostilités ? » s’interroge-t-elle, ajoutant qu’il est nécessaire « d’être deux pour arrêter une guerre totale ». « Il est crucial de réfléchir à comment des puissances extérieures peuvent amener Israël à cesser ses opérations. Mais cet effort est vain […] sans un effort similaire pour arrêter les belligérants » soutenus par Téhéran, conclut-elle.
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.