Leave One Day à Cannes : Une comédie musicale française sur un chef célèbre en crise de la quarantaine!

Juliette Armanet évoque une jeune Meryl Streep songeuse, mais le premier long-métrage solo d’Amélie Bonnin est à la fois touchant et sans but

Dans un contexte où l’Amérique semble perdre le contrôle et menacer d’entraîner le reste du monde dans sa chute, le Festival de Cannes devient un théâtre où se joue ce tumulte, visible en grand format sur les écrans. Peu importe que les films présentés aient été réalisés avant l’élection de Trump, le cinéma a toujours eu cette capacité prémonitoire. Il est presque certain que plusieurs films de cette édition reflèteront le désordre mondial actuel.

Mais Cannes a aussi une autre facette. Chaque année, le festival se présente comme un refuge, un havre de luxe, un abri cinématographique contre la tempête. C’est le côté bourgeois et confortable de Cannes. Prenez l’affiche officielle du festival de cette année : on aurait pu s’attendre à une image d’un vieux film faisant subtilement référence au chaos actuel. Cependant, les organisateurs ont choisi des images du film « Un homme et une femme » (1966), montrant les personnages principaux étreints sur une plage – une image d’amour qui pourrait être perçue comme délibérément rétrograde. « Un homme et une femme » n’était même pas un grand film en son temps ; c’était un faux film d’art, un morceau de kitsch de cinéma d’art. Mais son choix pour l’affiche rappelle que Cannes ne cherche pas toujours à être à la pointe ; le festival veut aussi offrir un confort rassurant.

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Si l’on en doute, il suffit de considérer le film qui a ouvert le festival ce soir, « Partir un jour ». C’est une bagatelle, et même pas entièrement réussie selon ses propres modestes critères. Mais son but est clairement de vous envelopper dans une aura rétro chaleureuse.

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Examinons comment « Partir un jour » est conçu pour être une expérience d’art-house actuelle tout en regardant vers le passé. C’est l’histoire de Cécile (Juliette Armanet), une chef célèbre basée à Paris, connue partout pour avoir été finaliste dans l’émission « Top Chef » avec son soufflé de bisque de homard. Son attitude en cuisine, à la fois morose et majestueuse, fait écho à Carmy de « The Bear », ce qui est le premier ingrédient accessible du film. Le second est que le film devient une comédie musicale après seulement dix minutes – pas une production à l’ancienne ni une chose postmoderne, mais une de ces comédies musicales sentimentales et « réalistes », où les personnages expriment leurs pensées simplement. Cela rappelle un film de John Carney avec une touche des « Parapluies de Cherbourg ».

« Partir un jour » raconte l’histoire de Cécile retournant dans le village où elle a grandi, où ses parents, également chefs mais moins renommés, continuent de préparer des steaks et des frites dans le restaurant routier qu’ils possèdent depuis des décennies. De retour à la campagne, où tout le monde pense que « Michelin » est une marque de pneu, Cécile prend du recul… pour réfléchir, ayant appris au début du film qu’elle est enceinte. Le père est son partenaire culinaire (Tewfik Jallab), et ils sont sur le point d’ouvrir un nouveau restaurant phare, pour lequel Cécile n’a toujours pas choisi de plat signature.

Cette situation semble engageante, quoique d’une manière quelque peu nostalgique ; par moments, j’avais l’impression de regarder un film de Nathalie Baye des années 80. Considérez cela comme un ajout au sentiment doucement réconfortant du film dont la réalisatrice et co-scénariste, pour qui c’est le premier long-métrage solo (et c’est une première pour une ouverture de Cannes), est nommée Amélie Bonnin. C’est une coïncidence, certes, mais ce nom évoque l’un des derniers films français à être devenu un phénomène international, à l’instar de « Un homme et une femme », ce qui renforce l’esprit invitant de la douceur de « Partir un jour ».

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Si seulement c’était un meilleur film ! J’ai suivi le début, car Bonnin est une réalisatrice élégante et fluide. J’ai apprécié la simplicité quotidienne des numéros musicaux qui surgissent de l’histoire comme les fruits dans un gâteau aux prunes, avant de nous ramener à ce ton plutôt neutre du drame semi-documentaire qui est le style maison du cinéma français depuis l’époque de Maurice Pialat. Juliette Armanet, qui est une immense star de la pop, est relativement nouvelle sur grand écran, mais elle est une actrice naturelle, avec un regard et une aura qui évoquent la Meryl Streep d’il y a des décennies : vive, réfléchie, méfiante, avec des antennes neurotiques qui captent presque tout.

Cécile est revenue dans sa ville natale car son père grincheux (François Rollin) a subi une troisième crise cardiaque, et sa mère exubérante (Dominique Blanc) ne veut plus qu’il travaille. Mais ce n’est pas vraiment un conflit. La situation se complique, cependant, lorsque Cécile retrouve Raphaël (Bastien Bouillon) et ses amis, avec qui elle était amie au collège. Ces plaisantins se contentent toujours de traîner et de faire les mêmes vieilles soirées arrosées. Mais Raphaël, avec ses cheveux bicolores, est grand et beau, et lui et Cécile entrent dans une sorte de zone de flou sentimental. Ce qui s’avère, après un certain temps, être plutôt sans but.

Est-ce que Cécile va mettre fin à sa grossesse ? Elle annonce dès le début qu’elle prévoit de le faire (nous pouvons certainement voir qu’avoir un enfant ne correspondrait pas à son style de vie exigeant où la cuisine est une église). Mais si le drame du film doit signifier quelque chose, Cécile doit évoluer d’une manière ou d’une autre. Eric Rohmer était le maître pour révéler comment des changements émotionnels apparemment mineurs pouvaient être des choix de destin monumentaux, et c’est ce qu’Amélie Bonnin essaie de faire, mais elle a réalisé un film où son héroïne, à la fin, passe du point A au point A. Son retour sur la terre de sa jeunesse — les parents, l’ami qu’elle aime peut-être — ne marque pas vraiment son armure. Ce qui fait de « Partir un jour » une sorte de contradiction. Il veut que nous soyons tous mélancoliques et nostalgiques à propos de quelqu’un de trop auto-réalisé pour changer.

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