Une approche minimaliste pour représenter les années formatrices d’Amélie Nothomb
L’équipe de Maybe Movies, connue pour « Tout en haut du monde », adopte un style visuel distinctif et minimaliste pour dépeindre les jeunes années de l’écrivaine Amélie Nothomb à Kobe.
Amélie Nothomb, fille d’un diplomate belge et passionnée par le Japon, a écrit plusieurs ouvrages sur son enfance en Asie. Dans l’un d’eux, « Métaphysique des tubes » (ou « The Character of Rain » en anglais), elle passe beaucoup de temps convaincue d’être Dieu. Le mémoire commence par une phrase qui évoque clairement la Bible, un détail qui a séduit de nombreux lecteurs, mais qui s’est révélé difficile à transposer dans l’adaptation animée qui a charmé Cannes et Annecy avant de conquérir les États-Unis grâce à Gkids.
Dans ses souvenirs d’enfance, Nothomb se voyait au centre de l’univers, donnant à « La petite Amélie » (comme l’animation nomme son personnage principal aux grands yeux et à la tête disproportionnée) un regard poétique sur le processus par lequel une petite fille européenne auto-centrée née à l’étranger comprend sa place dans la société. Certaines de ses idées sont étranges, comme lorsqu’elle se compare à un tube : la nourriture entre d’un côté et sort de l’autre. C’est dégoûtant, mais plus facile à accepter que l’idée d’être Dieu (qu’elle dépassera évidemment avec le temps).
Dans le livre, de grandes parties sont consacrées à décrire l’état mental d’une enfant de deux ans, tandis que le film adopte une approche plus visuelle, représentant le monde à travers les yeux d’Amélie. Ses yeux captivants, des orbes jaune-vert hypnotiques cerclés d’émeraude, sont un véritable attrait pour ceux qui apprécient les réinterprétations surréalistes belges sur l’origine des enfants, à l’image des œuvres de Jaco Van Dormael dans « Toto le héros » ou « Ma vie en rose », un film indépendant queer qui a devancé son temps sur l’identité transgenre.
Le modèle de « La petite Amélie » offre une perspective alternative et fantaisiste sur les oiseaux, les abeilles, les cigognes, etc., bien qu’il puisse être un peu difficile à comprendre. Est-elle une déité ou un tube ? Possède-t-elle des pouvoirs exceptionnels ou simplement un sens aigu de sa propre importance ? Nous avons tous été des enfants de deux ans à un moment donné, mais la vision du monde d’Amélie n’est ni intuitive ni universelle. C’est finalement à travers les détails uniques à Nothomb que le film capte le plus l’attention : être occidental au Japon vers 1970, pris entre deux cultures, se liant d’amitié avec une femme locale sans réaliser l’histoire post-guerre encore sensible.
Les réalisatrices Maïlys Vallade et Liane-Cho Han, qui ont adapté le livre avec Aude Py et Eddine Noël, condensent le complexe de Dieu de la petite Amélie en un court prologue, concentrant l’essentiel du film de 78 minutes sur ses souvenirs formateurs. Sous la voix de Loïse Charpentier, Amélie peine à comprendre sa propre famille, en particulier son frère aîné André (Isaac Schoumsky), jusqu’à ce que sa grand-mère leur rende visite depuis la Belgique.
La matriarche bienveillante conquiert Amélie en lui donnant du chocolat blanc, établissant ainsi une première connexion humaine. Peu après, Amélie se rapproche de Nishio-san (Victoria Grobois), la jeune femme japonaise qui travaille comme domestique chez eux, formant un lien qui constitue l’épine dorsale du film. Au fur et à mesure qu’Amélie apprend à comprendre le monde, en séparant les eaux de la mer pour examiner toutes les créatures qui y vivent et en construisant des lanternes en papier avec Nishio pour le festival des morts Obon, le film déploie sa magie.
Dans ces scènes, le public est pleinement aligné avec la petite fille précoce, dont le premier mot n’est ni « maman » ni « papa », mais « aspirateur ». Les parents d’Amélie sont naturellement impressionnés lorsqu’elle commence à s’exprimer en phrases complètes, se vengeant de son frère André en prononçant le nom de tout le monde sauf le sien. Tout semble assez charmant, jusqu’à ce que les choses deviennent sérieuses et qu’Amélie vive non pas une, mais deux expériences de mort imminente — la façon dont cette « déesse » finit par apprécier sa propre mortalité, mais aussi des occasions pratiques pour elle d’être sauvée par des personnages qu’elle n’appréciait pas auparavant (différents des sauveurs décrits dans le livre).
Le style visuel minimaliste des co-réalisatrices Vallade et Han s’accorde élégamment avec la naïveté du jeune personnage, évitant les contours dessinés à la main que l’on attend de l’anime et des dessins animés vintage. Au lieu de cela, nous avons des contours légèrement pixelisés qui apparaissent plus doux sur les petits écrans. Les visages humains sont représentés avec aussi peu que quatre couleurs, concentrant notre attention sur les yeux intenses chartreuse d’Amélie, tandis que les arrière-plans simplement rendus rappellent le travail du collaborateur artistique Remi Chayé (qui a été pionnier de ce look dans « Tout en haut du monde ») et les peintures sur iPad de la fin de carrière de David Hockney. Il s’avère que quelques taches et gribouillis suffisent à représenter un jardin à l’heure magique ou des arbres éclatant en fleurs de cerisier.
L’esthétique doit beaucoup aux films bien-aimés du Studio Ghibli, qui ont offert certaines des représentations les plus iconiques du Japon en temps de guerre et de sa longue période de récupération difficile. « La petite Amélie » part d’un solipsisme (principalement attachant) et développe de l’empathie et une profondeur émotionnelle au fur et à mesure. Une scène en particulier, dans laquelle Nishio-san prépare dramatiquement le dîner tout en décrivant la dévastation qu’elle a vue, révèle les limites de l’imagination d’Amélie. Certaines choses dépassent la capacité d’un enfant à comprendre, tandis que d’autres résonnent le plus profondément sorties de la bouche des enfants.
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Marc Lefebvre est un économiste et journaliste, expert en macroéconomie et marchés financiers mondiaux.