Le dirigeant russe, Vladimir Poutine, a marqué une escalade dans ses affrontements avec les pays occidentaux ce jeudi, en déclarant que “Moscou a déployé un nouveau missile balistique à portée moyenne contre l’Ukraine, en réaction à l’usage récent d’armements américains et britanniques qui ont atteint des cibles plus lointaines sur le sol russe”, rapporte The New York Times.

Dans un discours télévisé jeudi soir, qui semblait être une “menace alarmante envers les alliés occidentaux de l’Ukraine, M. Poutine a aussi affirmé que la Russie avait le droit de cibler les infrastructures militaires des nations” dont les armements sont utilisés contre la Russie, selon ce même quotidien.

“Le conflit en Ukraine, instigué par l’Occident, prend les dimensions d’une confrontation globale”, a estimé le leader russe, réaffirmant que, “en cas d’intensification des actions hostiles,” la réponse de Moscou serait “similaire”.

“Actuellement, ces menaces concernent principalement les États-Unis, qui ont fourni des missiles ATACMS utilisés sur le territoire russe, et le Royaume-Uni, dont les missiles Storm Shadow ont détruit un centre de commandement près de Koursk mercredi”, souligne Le Soir.

“Bien qu’il semble improbable que Moscou lance des bombardements sur Portsmouth ou Boston, cela représente clairement une stratégie d’intensification des tensions pour contraindre les Occidentaux à limiter leur soutien à l’Ukraine”, analyse le journal belge.

Manifestation de puissance

Pour Le Temps, cette montée des tensions dans le conflit ukrainien – qui a vu Moscou “utiliser un nouveau missile” – était une “représentation minutieusement planifiée” orchestrée par le Kremlin.

Lire aussi :  Bulgarie politique : 7e élection en 3,5 ans, un air de déjà-vu

En effet, la déclaration surprise de Vladimir Poutine à la télévision en soirée faisait suite à “une journée remplie de déclarations contradictoires concernant le type d’armes utilisées par la Russie contre l’Ukraine”, et “au cœur de cette confusion, Poutine s’est manifesté […] pour montrer sa force”, note El País.

Initialement, Kiev avait annoncé qu’il s’agissait d’un missile intercontinental, ce qui aurait marqué une escalade sans précédent, puisqu’aucun missile de ce type n’avait été utilisé dans un conflit armé auparavant. Cependant, cette information a été rapidement contredite par les États-Unis.

Lors de son intervention, qui a duré environ dix minutes, M. Poutine a précisé que l’arme était un nouveau type de missile balistique hypersonique nommé “Orechnik” – qui signifie “noisetier” en russe – dans une “configuration non nucléaire”. Ce missile visait un “site du complexe militaro-industriel ukrainien” situé à Dnipro, a-t-il ajouté.

Un lancement “symboliquement significatif”

Selon l’expert militaire Matthew Savill, interrogé par la BBC, “l’emploi d’une telle arme peut ne pas représenter un grand intérêt militaire, mais il est symboliquement significatif, dans le contexte de la récente révision de la doctrine nucléaire russe”.

El País rappelle que Vladimir Poutine a ratifié mardi le décret actant la nouvelle doctrine nucléaire russe, “qui autorise l’utilisation de la dissuasion nucléaire non seulement en cas de menace globale contre l’État russe, mais aussi si la souveraineté ou le territoire national étaient en jeu”.

Plus important encore, la doctrine stipule que “Moscou considérera comme agresseur une puissance nucléaire qui fournit des armes – même conventionnelles – à un État ‘agresseur’ dépourvu d’armes de destruction massive” – une clause qui cible directement les nations nucléaires occidentales alliées de l’Ukraine.

Lire aussi :  Explosions au Liban: la Suède déclare 'la guerre d'Israël est la nôtre'

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a critiqué les actions d’un “voisin dément”, y voyant la preuve que “la Russie ne cherche absolument pas la paix”, tandis que les États-Unis ont dénoncé le “discours irresponsable” de Moscou.