Il y a des photos d’avant et d’après l’événement, mais aucun appareil n’a capturé l’instant précis qui a marqué les esprits. Personne ne s’attendait à ce qui allait se produire ce jour brumeux d’automne 1984, lorsqu’une cérémonie de commémoration de la bataille de Verdun, qui avait fait près de 700 000 morts entre Français et Allemands en 1916, a été organisée. Le président français de l’époque, François Mitterrand, avait convié le chancelier allemand Helmut Kohl à se joindre à lui pour cet hommage.

La cérémonie s’est déroulée sans accroc, bien que l’idée même de célébrer ensemble un tel événement fût hors du commun, étant donné que les deux nations avaient été adversaires lors de cette tragique confrontation. Un moment délicat a été la diffusion des hymnes nationaux des deux pays. Mitterrand et Kohl ont marché côte à côte entre les tombes du Mémorial, déposant des fleurs. Pendant l’hymne allemand, ils sont restés debout, côte à côte, fixant l’horizon. Mais lorsque les premières notes de La Marseillaise ont retenti, un geste inattendu et non prévu par le protocole a eu lieu. Mitterrand a expliqué plus tard que ce geste avait été totalement spontané, tandis que Kohl a admis qu’il s’était senti obligé de répondre.

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Dès les premières notes de l’hymne français, Mitterrand étendit son bras vers Kohl, touchant le sien. Kohl, initialement surpris, hésita un instant avant de saisir la main de Mitterrand. Ce « geste de Verdun » n’a pas été capturé par les caméras ni les photographes, mais les images qui en résultent sont restées célèbres : deux dirigeants de nations autrefois ennemies, main dans la main, contemplant ensemble un champ de bataille marqué par l’histoire, sur les tombes de milliers de soldats. Ce geste a symbolisé avec force la réconciliation entre les deux pays.