Des tensions significatives marquent les relations entre l’Éthiopie, la Somalie et l’Érythrée, avec l’implication d’autres acteurs régionaux tels que l’Égypte, la Turquie et les Émirats arabes unis. Ce conflit sans solution apparente risque d’exacerber les litiges existants dans la Corne de l’Afrique.

L’affaire a débuté en janvier lorsqu’un accord a été signé entre l’Éthiopie et le Somaliland, une entité qui a proclamé son indépendance de la Somalie en 1991 mais qui n’est reconnue ni par les Nations unies ni par aucun État. Selon cet accord, l’Éthiopie obtiendrait un accès à une partie de la côte du Somaliland pour y établir une base navale, en retour, l’Éthiopie serait le premier pays à reconnaître officiellement le Somaliland.

La Somalie, considérant toujours le Somaliland comme faisant partie de son territoire, a réagi vivement. Suite à l’annonce de cet accord, l’Union africaine (UA) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), regroupant des pays de l’Est africain, ont publié des déclarations soutenant l’“intégrité territoriale” de la Somalie, tout comme les États-Unis et l’Union européenne. La Turquie, principal investisseur étranger en Somalie, a même promis d’envoyer des troupes pour protéger les frontières maritimes du pays.

Une animosité grandissante entre l’Égypte et l’Éthiopie

Cette situation aurait pu représenter une victoire politique pour la Somalie, offrant une possible détente. Cependant, le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, a exacerbé la situation. En juin, il a menacé de renvoyer des milliers de soldats éthiopiens faisant partie d’une mission de l’UA contre Al-Chabab, un groupe affilié à Al-Qaida qui contrôle de larges zones autour de Mogadiscio.

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En août, le président somalien s’est rendu en Égypte pour signer un accord de coopération militaire avec le président Abdel Fattah Al-Sissi. L’Égypte s’est engagée à fournir des armes à la Somalie, et potentiellement plusieurs milliers de soldats pour une future mission de paix de l’UA prévue pour l’année suivante. Depuis cette visite, deux cargaisons d’armes égyptiennes ont été livrées à Mogadiscio.

Pour de nombreux diplomates et analystes, ce pacte de sécurité marque une montée dangereuse des tensions, compte tenu de l’hostilité entre l’Éthiopie et l’Égypte. La rivalité entre ces deux nations s’est intensified depuis que l’Éthiopie a entamé la construction de son grand barrage de la Renaissance en 2011.