Amérique Déshéritée: Portrait saisissant d’un préadolescent dans l’extrême pauvreté

Introduction au documentaire de Monica Strømdahl

Monica Strømdahl, réalisatrice norvégienne, nous présente dans son premier documentaire une Amérique méconnue de beaucoup.

Dans « Flophouse America », Monica Strømdahl plonge dans la précarité américaine avec une approche documentaire brute. Les flophouses, ou motels délabrés et bon marché, servent de refuge à ceux qui ne peuvent se permettre un logement décent. Pour son premier long-métrage documentaire, Strømdahl a passé plusieurs années à visiter ces lieux aux États-Unis, capturant les images de leurs résidents. C’est là qu’elle rencontre Mikal, protagoniste de « Flophouse America ». Elle décide alors que les photographies seules ne suffisent pas à raconter son histoire. Comme Mikal était mineur pendant le tournage, les réalisateurs ont attendu qu’il atteigne la majorité pour obtenir son consentement à partager son récit.

La méthode de Strømdahl, favorisant une photographie numérique sans artifices, accentue le réalisme poignant des images. Dès l’ouverture du film, une voix posée et détachée énumère des statistiques sur les enfants confrontés à la pauvreté, à la maltraitance parentale et à l’alcoolisme aux États-Unis, tandis que les chiffres défilent en texte blanc simple sur fond noir. Puis, un jeune homme se présente devant un microphone en déclarant : « Je suis l’un d’eux ».

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Filmé sur une période de trois ans à partir de ses 11 ans, Mikal est montré vivant dans une seule pièce avec ses parents et un chat. Ils dorment sur le lit pendant que lui occupe le canapé, séparé par un rideau fragile. La salle de bain fait office de cuisine, la baignoire remplie de vaisselle sale. La caméra de Strømdahl capture la proximité étouffante dans laquelle vit cette famille, le cadre restant toujours proche des visages des trois protagonistes et des murs envahissants de l’espace exigu. Même les poils du chat semblent occuper trop d’espace.

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Le film transforme des événements quotidiens banals en drame. Dès le début, beaucoup d’agitation entoure l’achat de nouvelles chaussures pour Mikal. Sa mère, Tonya, parle constamment d’une sortie au centre commercial. Elle promet à Mikal que cela se produira une fois que son père, Jason, sera rentré du travail. Mikal répond de manière monosyllabique, son désintérêt trahissant son scepticisme. Sans surprise, Jason arrive tard, ayant passé la journée à boire dans un bar. La caméra s’attarde sur Mikal, capturant sa déception, tout en soulignant que la même situation s’est déjà produite et se répétera.

Lorsque Tonya et Jason commencent une violente dispute, lançant des insultes l’un contre l’autre devant Mikal, on ressent la claustrophobie et l’impuissance de Mikal à s’échapper. Ces disputes sont une constante du film. Mikal, Tonya et Jason sont virulents, criant et lançant des vérités amères les uns aux autres. Mikal échoue à l’école. Tonya boit trop et est souvent inconsciente. Jason va travailler et revient épuisé pour rejoindre les beuveries de Tonya. La fumée de cigarette remplit le petit espace. Aucun d’eux ne peut faire un geste sans que les deux autres ne le remarquent, augmentant la tension.

Au cœur du film se trouve la relation de Mikal avec sa mère, tandis que Jason est plutôt une figure périphérique, un arbitre inefficace entre deux parties en conflit, réussissant seulement à négocier des trêves temporaires. Lorsque Mikal supplie ses parents d’arrêter de boire car il pourrait perdre la raison, l’objectif capture palpablement sa douleur. Il exprime ses frustrations clairement à ses parents, trouvant des mots au-delà de son jeune âge.

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Strømdahl utilise un cadrage astucieux, exploitant la lumière naturelle (provenant des ampoules fluorescentes éblouissantes du motel) et des plans fixes longs qui permettent à l’action de se dérouler sans interruption. Lorsque la tragédie frappe – et comment pourrait-il en être autrement – la réalisatrice reste discrète et respectueuse à distance. Bien que montrant la douleur, la caméra semble intrusive. Lorsqu’elle montre le deuil et la perte, elle ouvre l’espace petit et étouffant.

Bien que nous n’entendions ni ne voyions Strømdahl, elle est à la fois discrète et omniprésente. Certaines scènes sont si crues qu’il est difficile d’imaginer la présence d’une caméra, encore moins d’une autre personne. Peu de conversations semblent forcées ou fausses, y compris celles où les adultes tentent de littéraliser leur échec à réaliser le rêve américain.

Bien que « Flophouse America » puisse être difficile à vendre en dehors des environnements accueillants des festivals de cinéma, il mérite un public bien plus large. C’est un portrait sans fard et acutement réaliste d’un sujet que le public, surtout aux États-Unis, ne voit pas souvent. Ce film montre ce que la pauvreté peut engendrer et comment elle vit à proximité de beaucoup, tandis que la plupart restent inconscients de sa présence.

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