L’Impasse du monde arabe [initialement écrit en arabe, puis traduit en français et publié par L’Harmattan], de l’analyste politique égyptien Fawzy Mansour, se voulait une analyse de la pitoyable condition du monde arabe lors de sa sortie en 1990. Plus de trois décennies après, la situation semble encore plus désastreuse.

Quelle quantité d’énergie, de travail, de ressources et de sacrifices ont été déployés en vain, sans atteindre les résultats politiques, sociaux, économiques ou culturels attendus. Nous assistons à un véritable recul, et nous semblons nous être écartés de la trajectoire de l’histoire.

Depuis des siècles, le Machrek [terme arabe qui signifie « Levant » et qui concerne quatre pays : Syrie, Liban, Palestine et Jordanie] n’a jamais été aussi affaibli, connaissant une crise sociale sans précédent. Cependant, cette situation n’est pas vraiment surprenante. Elle représente simplement une continuation de nos échecs précédents.

Une succession de “nakbas”

Au début du XXe siècle, la Grande Révolte arabe de 1916, qui visait à se libérer de l’empire ottoman et à établir un État arabe s’étendant de la péninsule arabique à la Syrie, s’est soldée par un échec. En 1948, la Nakba [« Catastrophe »] a marqué la Palestine avec la création de l’État d’Israël et le début de la crise des réfugiés palestiniens.

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En 1967, une autre nakba se produit avec la défaite arabe face à Israël, qui a vaincu les armées des deux principaux piliers du nationalisme arabe progressiste, à savoir l’Égypte de Gamal Abdel Nasser et la Syrie du parti Baas. Ces régimes ont qualifié cette nakba de simple naksa [« revers »], comme pour minimiser l’impact de cette défaite sans avoir été renversés dans la f