Visite d’Emmanuel Macron au Maroc : un signal fort envers le Maroc et un silence remarqué en Algérie
Entre le 28 et le 30 octobre, le président français Emmanuel Macron, accompagné d’une délégation de haut niveau, effectuera une visite officielle au Maroc. Cet événement, qui passe relativement inaperçu en Algérie, est toutefois mentionné par « Le Matin d’Algérie » comme un signe de réchauffement notable des relations franco-marocaines, qui étaient auparavant assez tendues, au possible détriment des relations avec l’Algérie.
Emmanuel Macron, avec à ses côtés Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l’Intérieur connu pour sa fermeté sur la question des visas, débarquera à Rabat le 28 octobre 2024. Cette visite coïncide avec une période de haute tension au Moyen-Orient, comparée à un baril de poudre prêt à exploser.
La démarche de Macron, qui tente de rétablir les liens avec le Maroc malgré des relations compliquées avec l’Afrique, est vue comme un affront pour Alger. L’admission du plan marocain pour le Sahara occidental est le prix élevé de cette réconciliation.
En parallèle, Alger se concentre sur ses relations à l’est
Le même jour, la presse algérienne couvre principalement une autre visite, celle du président Tebboune en Égypte, arrivé le 27 octobre. « L’Expression » titre « Axe Alger-Le Caire : le nouveau souffle », tandis que « El Watan » parle d’un « partenariat renforcé » entre Tebboune et le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi.
Peu de commentaires algériens sur la visite de Macron au Maroc, préférant mettre l’accent sur un « axe arabe et nord-africain ». « L’Expression » souligne que l’Algérie et l’Égypte, qui partagent une large façade méditerranéenne face à l’Europe, sont destinées à collaborer sur l’avenir du continent africain et du monde arabe.
Les présidents Tebboune et Al-Sissi envisageraient même une initiative commune pour un sommet extraordinaire des chefs d’État arabes, axé sur la question palestinienne et la sécurité régionale au Moyen-Orient et au Maghreb.
Après six années de relations distendues, Macron renoue avec le Maroc de Mohammed VI, ce qui semble frustrer l’Algérie. Macron n’avait pas visité le Maroc depuis six ans.
La visite de trois jours s’annonce cruciale, avec des attentes élevées suite aux récentes déclarations de Paris et Rabat. Macron arrive avec une importante délégation, incluant des figures telles que Rachida Dati, Sébastien Lecornu, Anne Genetet, ainsi que des personnalités de la culture franco-marocaine comme Jamel Debbouze. Des contrats importants seront signés, et un dîner officiel avec Mohammed VI est prévu.
Renforcer le dialogue avec Mohammed VI
Bruno Retailleau souhaite conditionner la politique des visas à l’émission des laissez-passer consulaires, essentiels au renvoi des étrangers dans leur pays. En octobre, il rappelait que, alors que 238 000 visas avaient été accordés à des Marocains en 2023, seulement 1 680 retours forcés avaient eu lieu.
Cette politique fait écho à celle de son prédécesseur, Gérald Darmanin, qui avait réduit de moitié les visas pour Marocains, Algériens et Tunisiens en 2021, exacerbant les tensions diplomatiques. À l’approche de cette visite, Macron souligne la nécessité d’une coopération renforcée avec le Maroc, préférant éviter toute controverse.
Un autre enjeu majeur concerne le Sahara occidental, une région que l’ONU considère comme « non autonome » et qui est au cœur d’un conflit de longue date entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie.
En juillet, Macron a adressé une lettre au roi Mohammed VI, affirmant que l’avenir du Sahara occidental devrait s’inscrire dans la souveraineté marocaine.
Les points de friction
L’affaire Pegasus a gravement détérioré les relations franco-marocaines. Le Maroc est accusé d’avoir utilisé le logiciel espion israélien pour infiltrer les smartphones de hauts responsables français, y compris celui du président.
La révélation de cette surveillance en 2021 avait profondément irrité l’Élysée, Macron se sentant « trahi » par un allié de longue date.
La réduction drastique des visas, annoncée peu après, a également empoisonné les relations, perçue comme une humiliation par le Maroc, tout comme par l’Algérie et la Tunisie. La France reste une destination privilégiée pour les officiels marocains.
La visite de Macron au Maroc se déroule dans un contexte de tension maximale avec l’Algérie, qui n’a plus d’ambassadeurs ni à Paris ni à Rabat et a fermé son espace aérien ainsi que ses frontières terrestres aux Marocains.
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.