Jeudi 19 décembre, deux reporters turcs d’origine kurde ont trouvé la mort suite à une attaque de drone turc près de Kobané, au nord de la Syrie. Les affrontements continuent de faire rage entre les forces kurdes et les groupes de mercenaires soutenus par Ankara.
Le vendredi suivant, diverses organisations turques ont confirmé la mort de deux journalistes turcs d’origine kurde, tués la veille dans le nord de la Syrie, selon les informations du média en ligne Bianet. Nazim Dastan, âgé de 32 ans, et Cihan Bilgin, âgée de 29 ans, étaient sur le terrain pour couvrir les affrontements entre les mercenaires soutenus par Ankara et les forces arabo-kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), non loin du barrage de Tichrine sur l’Euphrate, lorsqu’ils ont été frappés par un drone turc.
Ces deux journalistes, dans la trentaine, étaient employés par des médias kurdes en Turquie, tels que les agences de presse Diha, Mezopotamya et Hawar News, et suivaient régulièrement l’actualité du nord-est syrien. Nazim Dastan, arrêté à plusieurs reprises en Turquie dans le cadre de ses reportages, avait passé quatre mois en détention provisoire en 2016, avant d’être libéré dès la première audience de son procès, où il était accusé de « propagande terroriste ».
Journalists Nazım Daştan and Cihan Bilgin murdered https://t.co/9jW39THd6a
— Mezopotamya News Agency (@maenglish7) December 20, 2024
Leur tragique disparition a été largement dénoncée par de nombreux syndicats de journalistes. Toutefois, la conférence de presse prévue à Diyarbakir pour discuter de cet événement a été abruptement interrompue par les forces de police turques.
Des combats intenses se déroulent depuis plusieurs jours dans cette région stratégique, contrôlée par les FDS, majoritairement kurdes et affiliées au PKK, l’organisation de guérilla kurde qui est la bête noire du président turc Recep Tayyip Erdogan. Depuis 2015, les États-Unis soutiennent les FDS dans leur lutte contre les djihadistes de l’État islamique. Ils ont plusieurs fois réussi à persuader Ankara d’instaurer un cessez-le-feu temporaire afin d’entamer des négociations sur l’avenir de la région, surtout après le renversement du régime de Bachar El-Assad par le groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC). Ankara nie cependant avoir consenti à arrêter les combats.
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.