Dans le contexte médiatique régional, les assauts inédits du Hamas marquent une évolution cruciale pour la cause palestinienne. Cependant, la riposte violente d’Israël à Gaza et ses conflits sur plusieurs fronts soulèvent des interrogations sur la stratégie de l’“axe de la résistance”, pilotée par l’Iran.
En Israël et dans de nombreuses régions du monde occidental, le 7 octobre est observé comme un jour de deuil et de souvenir pour les victimes des attaques sans précédent perpétrées par le Hamas sur le territoire israélien.
Dans le Moyen-Orient, cette date est surtout perçue comme le commencement d’un conflit sanglant et dévastateur contre Gaza, en représailles à l’opération nommée Déluge d’Al-Aqsa.
Carnages et ravages
Les éditions des journaux de la région en date du 7 octobre 2024 ne laissent place à aucune ambiguïté.
“Un an après l’initiative Déluge d’Al-Aqsa, suivie d’une guerre considérée comme génocidaire par Israël contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, s’étendant jusqu’au Liban”, rapporte en première page le quotidien panarabe Al-Araby Al-Jadid.
“Un an après Déluge d’Al-Aqsa, et suite à douze mois de génocide à Gaza, la résistance perdure tandis que l’occupant [israélien] réplique par des massacres”, ajoute le journal panarabe Al-Quds Al-Arabi.
Les résidents de la bande de Gaza “ont été dépouillés de tout leur pays […] : les habitations, les quartiers, les rues, les populations, les lieux de culte, les commerces, les hôpitaux, les écoles et les universités. Tout semble désormais appartenir à un passé révolu”, écrit le quotidien panarabe Asharq Al-Awsat.
“Gaza, un an de génocide”, titre également le quotidien palestinien Al-Quds, publié à Jérusalem-Est.
Une méprise stratégique ?
Pour de nombreux observateurs de la région, les attaques du 7 octobre ont remis la question palestinienne en avant. Les projets de normalisation entre Israël et certains pays arabes, qui avaient relégué cette question, ont été contrecarrés. Et “après un an de persévérance et de résistance”, rapporte le journal, “le discours palestinien a pris le dessus sur celui d’Israël”, ce qui représente une “percée stratégique dans les sociétés occidentales et au sein du système international”, selon Al-Ayyam, un autre grand quotidien palestinien.
L’Iran a quant à lui loué les attaques du 7 octobre comme “un moment décisif dans l’histoire de la lutte légitime du peuple palestinien contre l’occupation et l’oppression du régime sioniste”.
Les Brigades Ezzedine Al-Qassam, branche armée du Hamas, ont expliqué que les attaques du 7 octobre étaient une “frappe préventive” destinée à contrecarrer “une attaque majeure contre la résistance à Gaza”.
Cependant, certaines voix suggèrent que, en provoquant ce conflit, le Hamas et l’Iran ont peut-être commis une erreur stratégique. “Après une année de cette guerre interminable, la préoccupation demeure quant aux victimes [palestiniennes] : quand ces massacres cesseront-ils ? […] Lorsque le Hamas se détachera de l’influence de Téhéran”, écrit le journal palestinien Al-Hayat Al-Jadida, porte-parole de l’Autorité palestinienne.
“Le Hamas, le Hezbollah et d’autres agents iraniens au Moyen-Orient ont peut-être été présentés bien plus puissants qu’ils ne le sont réellement”, écrit le quotidien saoudien Arab News, proche de Riyad, plaidant pour une solution à deux États pour mettre fin à la violence.
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.